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Quatre ans ferme pour une triple agression au couteau dans un quartier de Reims


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Accusé d'avoir blessé trois Rémois au couteau, dont un très grièvement, lors d'une expédition punitive au quartier Croix-Rouge en 2016, un récidiviste a pris quatre ans de prison avec arrestation à l'audience.

S on nom se prononce Doudou, mais c'est fort mal approprié car il a été très violent » Avocat d'une victime, Me Mourad Benkoussa s'autorise un trait d'humour grinçant, agacé par l'attitude arrogante du prévenu. Miguel Doedoe, 27 ans, comparaissait lundi devant le tribunal correctionnel de Reims pour « violences volontaires avec arme ». Il aurait très bien pu comparaître à l'étage du dessus, dans la salle des assises, tant la mort n'est pas passée loin du jeune Khatib, poignardé à l'abdomen : colon perforé, hémorragies internes, dix jours de coma. Il y eut deux autres victimes, la première frappée à l'épaule, la seconde dans le dos (12 et 21 jours d'incapacité totale de travail).

Plusieurs jours entre la vie et la mort.

Le 5 mars 2016, c'est soir de foot à la télé. À l'initiative d'une association, de nombreux jeunes sont rassemblés dans une salle communale de Croix-Rouge, rue Alain-Polliart, pour regarder le match. Vers 22 h 45, des crissements de pneus se font entendre. Trois voitures occupées par « une dizaine de Guyanais » viennent de stopper en pleine voie. Des cris éclatent. Alerté, Khatib sort de la salle. Il affirme reconnaître Miguel Doedoe, veut lui serrer la main mais l'homme le prend par l'épaule et lui porte un coup de couteau à l'abdomen.

Grièvement touchée, la victime se réfugie dans le local puis s'en échappe par une fenêtre tandis que l'agresseur fait irruption, partiellement masqué par une écharpe. Il hurle : « Les petits m'ont volé, mais moi on ne me vole pas ! Vous savez qui je suis ? Je suis Boy ! Où sont les petits ? Je vais tuer les Marocains ! Guyane contre Maroc ! C'est la guerre avec le Maroc ! »

Au hasard, il poursuit un Maghrébin avec « le couteau au-dessus de la tête », le fait tomber et le frappe à l'épaule. C'est ensuite un jeune de 27 ans qui se prend des coups de couteau dans le dos, puis l'agresseur repart en voiture avec ses acolytes. Le frère de Khatib retrouve celui-ci allongé sur l'asphalte. Aucune trace de sang visible. « Je sens que ça coule à l'intérieur », lui répond-il avant de perdre conscience. Il restera plusieurs jours entre la vie et la mort.

Course-poursuite.

Quelques minutes plus tard, alors que les secours s'affairent pour sauver la victime, une voiture arrive à faible allure devant le local, puis accélère à la vue des policiers. Au volant : Miguel Doedoe. Rattrapé après une course-poursuite, il se rebelle. Ce volet de l'affaire est alors jugé en comparution immédiate : quatre mois ferme, sans incarcération. L'homme est dans la nature lorsque sa mise en cause apparaît clairement dans l'agression. Il est arrêté cinq mois plus tard.

De l'enquête, il ressort que des Guyanais se seraient fait voler des « chaînes et des gourmettes » par des Maghrébins, lesquels, pris à partie le soir des faits, seraient allés se réfugier dans le local associatif. De nombreuses personnes ont dénoncé Miguel Doedoe - d'ailleurs, Boy est son surnom - mais le prévenu, libre sous contrôle judiciaire, conteste.

Lundi, contre ce prévenu jugé en récidive de violences avec arme, le parquet réclame quatre ans de prison ferme avec arrestation à la barre. Pendant le délibéré, Miguel Doedoe aurait pu s'éclipser, mais il ne l'a pas fait. Il revient pour entendre le jugement : quatre ans ferme, mandat de dépôt. Sans broncher, il tend ses poignets aux policiers apparus nombreux derrière lui. Il a dix jours pour faire appel. Dans le hall, des menaces de mort proférées par des amis ont été entendues.

Le prévenu dénonce « un complot ».

Dénoncé par de nombreuses personnes, Miguel Doedoe n'était plus à Reims lorsque le juge d'instruction décidait de le mettre en examen. Visé par un mandat d'arrêt, le suspect parti s'installer en Haute-Savoie n'était retrouvé que le 9 août 2016, lors d'un contrôle douanier sur une autoroute. Dans sa voiture : un couteau, une matraque télescopique et une bombe lacrymogène (cette saisie a fait l'objet d'une procédure distincte).

Remis en liberté sous contrôle judiciaire après six mois de détention provisoire, le prévenu a toujours contesté les faits : ce n'est pas lui l'homme au couteau, il n'est arrivé sur les lieux qu'après l'agression. D'après ses déclarations, à ce moment-là, il était ailleurs, occupé à « acheter du poulet » avec trois amis. Face aux accusations, Miguel Doedoe se dit victime d'un « complot ». Il a quitté Croix-Rouge, refait sa vie dans les Alpes, travaille comme serveur en Suisse où il gagne 4 000 euros par mois... De quoi susciter des jalousies, laisse-t-il entendre. Le tribunal n'y a pas cru.