
Didier Migaud, président de la Cour des comptes.
Réduction du déficit trop lente et dette trop élevée : la Cour des comptes a mis en garde mercredi le gouvernement contre tout relâchement.
L'amélioration constatée de la situation économique n'autorise aucun relâchement, prévient dans son rapport annuel la Cour des comptes, chargée d'évaluer la qualité de gestion des politiques publiques.
« Elle doit au contraire aller de pair avec une action renforcée de maîtrise de la dépense publique » pour que la France « retrouve des marges de manœuvre budgétaires et assure la soutenabilité de son endettement public », ajoute-t-elle.
Selon les dernières prévisions de Bercy, le déficit public devrait s'établir à 2,9 % du PIB en 2017, passant pour la première fois depuis dix ans sous le seuil des 3 % exigé par les traités européens. En 2018, il devrait atteindre 2,8 %.
Mais « même avec un déficit ramené sous la barre des 3 %, la France continue de présenter une situation financière plus dégradée que celle de la quasi-totalité de ses partenaires de la zone euro », a rappelé le président de la Cour, Didier Migaud, lors d'une conférence de presse.
La dette publique, fruit de l'accumulation des déficits, devrait ainsi augmenter en 2017 à 96,8 % du PIB, puis se stabiliser en 2018, à près de 2.250 milliards d'euros, alors qu'elle devrait refluer chez tous les autres membres de la zone euro.
Cette divergence inquiète la Cour des comptes, qui dresse un tableau critique de la trajectoire budgétaire prévue par le gouvernement, qui fait le pari d'un quasi-retour à l'équilibre des finances publiques, mais en 2022 seulement.
L'amélioration des finances publiques est « tardive » et « principalement imputable à la conjoncture », jugent les magistrats financiers, déçus par la « très faible » baisse du déficit programmée en 2018.
« Une telle situation ne laisse pas de marges pour rester en dessous du seuil de trois points de PIB en cas de choc conjoncturel défavorable ou d'aléas sur les recettes ou les dépenses », ajoute la Cour, qui appelle à « réduire drastiquement les déficits structurels ».
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