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Au Brésil, l'ancien président Lula passe sa première nuit en prison


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L'ancien chef de l'État, tribun hors pair, avait dans la journée annoncé devant des milliers de sympathisants qu'il allait se livrer à la police.

Ceux-ci, très émus, en larmes ou en colère, lui avaient crié «ne te livre pas» ou «Lula libre!». Lula ne pouvait plus guère éviter la prison, deux jours après le mandat de dépôt du juge anticorruption Sergio Moro, consécutif à sa condamnation en appel à 12 ans et un mois pour corruption et blanchiment d'argent.

Candidat à la présidentielle ?

«Je vais me conformer au mandat de dépôt», a dit la figure emblématique de la gauche latino-américaine. Mais «je suis un citoyen outré (...), je ne pardonne pas que l'on dise au pays que je suis un voleur».

«Je veux les regarder dans les yeux», a-t-il ajouté, pugnace, au sujet de ses accusateurs, assurant avoir écarté de nombreuses suggestions de fuite ou d'asile à l'étranger et promettant de prouver son innocence.

«Moro a menti», a ajouté l'ancien président (2003-2010) au sujet de son ennemi intime, le juge de l'enquête tentaculaire «Lavage express» autour du groupe public Petrobras, dont Lula est la plus grosse prise. Lula s'estime victime d'une machination «des élites» destinée à l'empêcher de se présenter à un troisième mandat.

«Leur obsession est d'avoir une photo de Lula prisonnier», a-t-il lancé. Il est l'objet de six autres procédures, essentiellement pour corruption, un cancer qui ronge le Brésil.

Il a prononcé son long discours devant le siège du syndicat des métallurgistes, où il était retranché depuis deux jours, défiant les autorités en laissant passer l'ultimatum pour se rendre, vendredi.

Avant de se rendre, Lula avait demandé de pouvoir assister à une messe en mémoire de son épouse, Marisa Leticia, décédée en 2017, et qui aurait eu 68 ans ce samedi.

La messe s'est déroulée devant le siège du syndicat des métallurgistes, que Lula a dirigé dans les années 1970, sous la dictature militaire. C'est là qu'a démarré la formidable ascension de ce leader autant adulé que détesté des Brésiliens, et dont la politique a été toute la vie.

Même en détention, Lula pourrait toutefois techniquement s'enregistrer comme candidat à la présidentielle, même s'il semble désormais hors course, à six mois d'un scrutin de plus en plus incertain.

C'est la justice électorale qui trancherait in fine sur l'éligibilité de celui qui a près de 20 points d'avance dans les intentions de vote sur son suivant immédiat, le député d'extrême droite Jair Bolsonaro.