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Les syndicats des pilotes rencontraient lundi la direction d'Air France sur leur revendications salariales. Le préavis de grève déposé pour les 3,4, 7 et 8 mai est maintenu.
Le dialogue social chez Air France semble suspendu au résultat de la consultation interne sur le projet salarial proposé par la direction. Une réunion de négociation entre les syndicats de pilotes d'Air France et la direction avait lieu ce lundi en début d'après-midi.
«Les négociations ont été courtes. La direction ignore nos demandes» a rapporté au Figaro Christophe Campestre, vice-président du Syndicat des pilotes d'Air France (SPAF), deuxième syndicat représentatif de la compagnie aérienne. «Pas de reprises des discussions, ni de nouveau rendez-vous prévu» ajoute-t-il, «sans doute en attente du résultat du référendum».
Pour tenter de débloquer la situation chez Air France, la direction a annoncé le 20 avril une consultation interne, demandant aux salariés d'Air France de répondre à la question : «Pour permettre une issue positive au conflit en cours, êtes-vous favorable à l'accord salarial proposé le 16 avril 2018 ?»
Le PDG de la compagnie, Jean-Marc Janaillac a mis sa démission dans la balance en remettant son poste en jeu en cas de vote négatif. Les résultats de cette consultation sont attendus jeudi soir.
Onze organisations syndicales, toutes professions confondues, réclament un «rattrapage» des salaires de 6 % en 2018 après un gel des grilles de rémunération depuis 2011.
Depuis fin février, des grèves épisodiques sont menées. Le 16 avril, la direction a proposé une augmentation des grilles salariales de 2% dès 2018 (et une enveloppe de 1,4% d'augmentations individuelles au sol), puis une hausse de 5% sur les trois années suivantes, conditionnée aux résultats économiques de l'entreprise.
Insuffisant pour les onze syndicats, qui ont rejeté ce projet d'accord, déposant un nouveau préavis de grève pour le 3, 4, 7 et 8 mai.
En plus de la revendication unitaire, les pilotes de la compagnie ont des demandes qui leur sont propres. Ces derniers demandent, plus spécifiquement, une hausse de 4,7 % en plus des 6 % de «rattrapage» des salaires exigés par l'intersyndicale.
Les pilotes avaient déjà formulé cette exigence l'an passé, mais celle-ci avait été éclipsée par l'accord sur la création de la compagnie Joon. Cette négociation séparée avec les pilotes a été entamée par la direction d'Air France le 16 avril. «On a toujours un espoir de mettre fin à la grève si le processus de négociation avance», indiquait lundi avant la réunion avec la direction Christophe Campestre.
Le SNPL «prend tout le monde en otage».
De son côté, le SPL, syndicat des pilotes de ligne, affilié à la CFDT et non représentatif, a appellé les salariés à se prononcer sur «l'arrêt immédiat du conflit».
«Quatre jours de grève supplémentaires sont inutiles et destructeurs (...) Sortir de l'impasse n'est plus possible sans un médiateur ou des interlocuteurs nouveaux», estime ce syndicat, dans un communiqué transmis lundi.
La veille, dimanche, Laurent Berger, le numéro un de la CFDT - premier syndicat d'Air France pour le personnel au sol, mais qui ne fait pas partie de l'intersyndicale - a appelé ses membres à voter pour la fin du conflit.
Il a en outre fustigé le SNPL, premier syndicat des pilotes, qui «prend tout le monde en otage», alors que quatre jours de grève supplémentaires ont été décidés.
«Ça va se passer comment à la fin, si on suit le SNPL?» a-t-il lancé, lors du Grand Rendez-vous Europe 1-Les Echos-CNews. «Les pilotes, on va leur donner de quoi s'en sortir et puis le personnel au sol, il trinquera. On aura des suppressions d'effectifs, on aura des réductions de personnel», a-t-il mis en garde.
De son côté, le nouveau secrétaire général de Force Ouvrière, Pascal Pavageau, a appelé à voter contre la proposition de la direction d'Air France, estimant que ce référendum est une stratégie de «contournement des organisations syndicales».
Force ouvrière représente une partie des personnels au sol et participe à l'intersyndicale. «La négociation, elle n'a pas eu lieu, elle ne s'est pas terminée», a-t-il déclaré lors de l'émission Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.
Quant au secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, il avait accusé la semaine dernière le patron d'Air France de vouloir dramatiser la situation et déplacer le problème.
Ce conflit social, qui a mené à 11 journées de grève depuis le 22 février, a déjà coûté environ 300 millions d'euros à l'entreprise, estime la direction.