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Migrants : Lifeline, le nouveau bateau que l'Italie et Malte refusent d'accueillir


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Après l'Aquarius, le gouvernement italien a refusé d'ouvrir ses ports au navire de l'ONG allemande Lifeline, avec quelque 230 migrants à son bord.

A quelques heures du mini-sommet européen sur l'immigration de dimanche, l'Italie maintient sa ligne dure et critiquée à l'encontre des ONG aidant les migrants en Méditerranée. Après les péripéties de l'Aquarius, le navire de secours de SOS Méditerranée, c'est le bateau de l'ONG allemande Lifeline qui se voit refuser le droit de débarquer ses passagers sur la Botte.

Le nouveau gouvernement italien, au pouvoir depuis trois semaines, veut absolument réduire les arrivées de migrants sur ses côtes. Le Lifeline, et un bateau vide d'une autre ONG, le Seefuchs, vont être « placés sous séquestre et dirigés dans nos ports pour vérifier leur pavillon d'appartenance », a menacé vendredi soir le ministre italien des Transports, Danilo Toninelli. Selon lui, les Pays-Bas ont confirmé que le navire battait « illégitimement, illégalement pavillon néerlandais ».

L'Italie accuse aussi l'ONG Lifeline d'avoir agi en contravention du droit international en prenant à son bord les migrants alors que les garde-côtes libyens étaient en train d'intervenir. L'organisation assure être venue en aide à des naufragés en perdition, environ 230 personnes dont 14 femmes et 4 enfants.

« Je ne veux pas de bateau fantôme dans les ports italiens », avait commenté le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, avant de décider de le séquestrer pour enquêter. Et le nouvel homme fort du gouvernement de prévenir : « S'ils viennent en Italie, je les dénoncerai aux autorités pour aide à l'immigration illégale ! »

Au cœur d'une guerre entre Malte et l'Italie.

Le ministre de l'Intérieur avait aussi dit souhaiter que le bateau - situé dans les eaux maltaises vendredi - soit pris en charge par ce pays plutôt que l'Italie. Salvini conseillait même à son homologue de faire arrêter l'équipage, une fois à quai. Et les deux pays de se renvoyer la balle, comme pour l'Aquarius.

« Malte n'était ni l'autorité coordinatrice, ni celle compétente pour les secours » car « l'opération a été initialement gérée par le Centre (de coordination des secours maritimes) de Rome et l'autorité libyenne », a expliqué une source proche du gouvernement maltais au quotidien Times of Malta.

Un refus d'accueillir le navire humanitaire auquel Matteo Salvini a vivement réagi dans la soirée : « Si une seule personne devait se faire mal à bord de ce bateau, par ailleurs géré par des gens qui auront affaire à la justice, nous demanderons des comptes à Malte car ils sont devant leurs ports, aux Allemands parce que l'association est allemande, et aux Néerlandais parce le pavillon est le leur », a-t-il prévenu lors d'une réunion en Toscane.

En attendant, les clandestins du Lifeline sont eux toujours en mer, sans savoir où leur capitaine pourra les débarquer. Et côté diplomatie européenne, ce nouvel épisode complique encore les relations entre membres alors que la coalition italienne entre la Ligue et le Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) a décidé de hausser le ton.

« L'Italie n'est plus un pays à vendre, occupé, un peu français, un peu allemand », a prévenu Matteo Salvini, omniprésent dans les médias. Avec ce gouvernement, « l'Italie n'a jamais été aussi au centre » des discussions, s'est-il par ailleurs félicité en citant le coup de téléphone jeudi de la chancelière allemande Angela Merkel au président du Conseil italien Giuseppe Conte.

Nouveau symbole de tensions européennes.

Tentée par un boycott du mini-sommet de dimanche - préparant celui du 28 et 29 juin à Bruxelles -, l'Italie a finalement confirmé sa participation. Mais « si nous y allons pour recevoir un petit devoir déjà préparé par les Français et les Allemands, mieux vaut économiser l'argent du voyage », avait prévenu jeudi Matteo Salvini. L'agacement de Rome tient au fait que le texte aborde insuffisamment la question de la protection des frontières européennes pour se concentrer sur le redéploiement des migrants dès lors qu'ils sont déjà arrivés en Europe.

La polémique entre Rome et ses partenaires européens, loin d'être close, a par ailleurs rebondi vendredi après les déclarations du président français Emmanuel Macron dénonçant la « lèpre » nationaliste en Europe. « Un jour il dit qu'il ne veut pas faire offense à l'Italie et un autre jour il parle de lèpre », s'est ainsi étonné Luigi Di Maio, l'autre vice-Premier ministre italien et chef de file du M5S. « Nous sommes peut-être des populistes lépreux, mais moi les leçons je les prends de quelqu'un qui ouvre ses ports. Accueillez les milliers de migrants et après on en reparlera », a pour sa part lancé Matteo Salvini à l'adresse du chef de l'Etat français.