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Vox, la voix nouvelle de l'extrême droite espagnole


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Un badge «Vox maintenant», le 1er décembre lors d'une manifestation à Madrid.



Longtemps confidentielle, l'extrême droite a connu son premier grand succès en Espagne, dimanche, faisant son entrée au Parlement andalou.

«Le tremblement de terre andalou.» C'est l'expression utilisée par plusieurs médias pour décrire l'énorme surprise exprimée dans les urnes. Dans ce qui est depuis près de quatre décennies «le» bastion socialiste, dans cette région la plus peuplée et la plus socialement fragile, l'extrême droite a fait irruption avec fracas.

Aucun observateur n'a eu besoin de se fendre d'une analyse. Quelle que soit leur sensibilité politique, les Espagnols ont aussitôt compris que le nouveau et explosif panorama en Andalousie n'est qu'un avant-goût de ce qui se prépare à l'échelle nationale : ultra-confidentielle depuis la fin du franquisme, l'extrême droite a émergé de façon durable. «Il faudra désormais compter avec elle, analyse le journal conservateur ABC.

Personne n'avait vu les signes avant-coureurs de cette déflagration qui ne fait que commencer.» Éclaircissements.

En quoi est-ce un séisme électoral ?

Traditionnellement, l'Andalousie et ses 8 millions d'habitants étaient associés à un fortin socialiste, son principal vivier, dont vient son grand mentor, Felipe González, chef du gouvernement entre 1982 et 1996. Les analystes s'attendaient à ce que la «baronne» Susana Díaz affermisse sa domination sur cette région, d'ordinaire étrangère aux extrémismes de toutes sortes.

Or, non seulement son parti a connu une hécatombe en chutant de 47 sièges à 33, mais il a permis une montée jamais vue des droites. En particulier les libéraux de Ciudadanos (parti unioniste, équivalent espagnol de La République en marche) qui passent de 9 à 21 députés. Et, bien davantage encore, les extrémistes de Vox qui, pourtant, n'ont pas spécialement de racines en Andalousie.

Son leader local, Francisco Serrano, condamné pour prévarication en 2011, est un juge qui s'est fait connaître pour ses attaques contre le «fondamentalisme féministe». Mais il est dépourvu de tout ancrage populaire.

Le succès de Vox est-il contestataire ?

C'est la clé de son irruption vertigineuse au sein du parlement andalou, passé de 0 à 12 sièges, avec les suffrages de près de 400 000 votants. Peu après son score inattendu, Francisco Serrano a su le résumer par cette phrase : «Vox est le parti des indignés.» L'expression illustre bien l'évolution électorale : jusqu'alors, en Andalousie comme en Espagne, Podemos était l'indiscutable formation des sans-voix, des contestataires, des rebelles.

Le parti de Pablo Iglesias avait su concrétiser cette révolte née de l'explosion sociale du 15 mai 2011, incarnée par «les indignés». Au sortir des urnes andalouses, Podemos stagne avec 17 sièges, sans capitaliser la chute de son rival socialiste. «On n'a pas voulu voir une colère profonde, explique l'analyste Teodoro Gross. La gauche radicale de Podemos a perdu de sa représentativité. La droite radicale de Vox, sans scrupule ni complexe, se connecte davantage avec un ras-le-bol et une désorientation considérables.»