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"Ligue du LOL" : une affaire de cyber-harcèlement frappe plusieurs médias


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La semaine dernière, de nombreux témoignages ont été réunis pour donner un coup de pied dans une fourmilière née sur Facebook : la "Ligue du LOL". Ce groupe, créé en 2009 par Vincent Glad, pigiste régulier pour Libération, a été à l'origine de cyber-harcèlement. Ses membres, "les caïds de Twitter", comme les décrit si bien le principal intéressé, doivent maintenant rendre des comptes. Plusieurs d'entre eux ont déjà reconnu les faits, s'excusant dans la foulée.

de l'humour noir au cyber-harcèlement.

La "Ligue du LOL", le groupe Facebook qui a secoué le monde des médias ce week-end, a été témoin du passage d'un groupe d'amis, de l'humour noir au cyber-harcèlement et intimidation physique. Ce groupe, composé d'une trentaine de journalistes, de communicants et de publicitaires parisiens, est né sur Facebook mais sévissait sur Twitter. À ses débuts, le réseau de microblogging n'était pas le géant d'aujourd'hui. Utilisé principalement par des "geeks, des blogueurs et des jeunes journalistes parisiens" indique Nora Bouazzouni, journaliste et traductrice à qui le groupe a "pourri la vie", la "Ligue du LOL" a pourtant dû rendre des comptes ce week-end.

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Ce groupuscule, dont les accusations les plus nombreuses font état de cyber-harcèlement à destination de femmes et militantes féministes, est composé de membres éminents de rédactions médiatiques parisiennes. Des noms sont sortis ce week-end : Vincent Glad, cité un peu plus haut, Alexandre Hervaud, chef de service adjoint à Libération, Alexandre Léchenet, journaliste indépendant pour la même rédaction, David Doucet, rédacteur en chef web des Inrockuptibles, Christophe Carron, rédacteur en chef de Slate, Stephen des Aulnois, rédacteur en chef du Tag Parfait, un site spécialisé sur la culture pornographique.

Près d'une décennie après la naissance de la "Ligue du LOL", les premières têtes tombent. Alexandre Hervaud et Vincent Glad ont été mis à pied par Libération, Christophe Carron a démissionné de lui-même, Stephen des Aulnois a renoncé à ses fonctions. Quant à David Doucet, il serait "sur la sellette" confie l'un de ses proches au Parisien. Bon nombre d'entre eux se sont servis de Twitter pour apporter des explications à leur implication dans ce groupe ainsi que leurs excuses, comme Vincent Glad, son fondateur.

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Les premiers remous de la "Ligue du LOL" ne sont pourtant pas récents. Pascal Cardonna, alors coordinateur multimédia à Radio France, avait envoyé une lettre à plusieurs médias concernés, attestant que certains de leurs collaborateurs étaient impliqués dans du cyber-harcèlement. Daria Marx, auteure féministe victime de certains membres du groupe, décrit la manière dont elle a été prise pour cible dans les colonnes de CheckNews :

"Pendant plusieurs années sur Twitter, moi et d'autres copines féministes, on a été la cible de ces petits mecs parisiens qui se foutaient de notre gueule. [...] Un jour, j'ai eu le malheur de créer une cagnotte pour mon anniversaire, pour m'acheter un scooter. Cette cagnotte n'était pas publique, mais ils ont réussi à la trouver, à la faire tourner en insistant sur le fait qu'une grosse sur un scooter, c'était très drôle, en me traitant de mendiante. Ensuite, mon numéro de téléphone a été mis sur Leboncoin, avec une annonce de vente de scooter. Les gens m'appelaient et me demandaient si je vendais mon scooter, en m'appelant "Madame grosse", le nom renseigné dans l'annonce."

Malgré une main courante déposée, le harcèlement n'a pas cessé. Matthias Jambon-Puillet, blogueur, relate sur Medium comment il a été harcelé par la "Ligue du LOL". Insultes anonymes, enregistrements sarcastiques, photomontages, dont un document pornographique envoyé à des mineurs, et ce en son nom. Florence Porcel, quant à elle, indique avoir subi un véritable lynchage numérique ainsi qu'un canular téléphonique humiliant mis en ligne, dans lequel l'un des membres du groupe se faisait passer pour un recruteur. Elle assure également que ses harceleurs se seraient rendus sur son lieu de travail pour l'intimider physiquement.

Ces remous sont également parvenus jusqu'aux oreilles de l'exécutif. Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité, a tenu à rappeler qu'une loi condamnait le cyber-harcèlement, avant de suggérer la possibilité d'étudier l'allongement des délais de prescription. À l'heure du numérique, la "Ligue du LOL" pourrait bien servir d'exemple. Entre 2010 et 2014, entre 8 à 12% des enfants et adolescents âgés de 9 à 16 ans auraient été exposés au cyber-harcèlement révélait l'UNESCO. 10% seulement d'entre eux en informaient leurs parents.