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Macron : son sermon à Geneviève Legay, la blessée de Nice, fait polémique


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De la compassion, mais aussi un commentaire personnel pour souligner qu'elle ne devait pas être là : les propos du président sur Geneviève Legay, blessée à Nice durant un rassemblement non autorisé de gilets jaunes, font réagir.

Le chef de l'Etat revendique un parler-franc et une liberté de ton. Pour sûr, la presse comme l'opinion publique ont bien noté qu'Emmanuel Macron ne comptait pas se priver de dire ce qu'il pense, quand bien même cela créerait quelques nouvelles polémiques. Sa toute dernière sortie médiatique vient d'ailleurs ajouter à la liste de ses petites phrases une saillante remarque sur l'un des faits d'actualité du week-end. Samedi, à Nice, une manifestante de 73 ans, Geneviève Legay, militante d'Attac, a été blessée lors d'un rassemblement non autorisé de gilets jaunes. Elle souffre de plusieurs fractures du crâne, elle est actuellement dans un état "stable".

"Je souhaite d'abord qu'elle se rétablisse au plus vite et sorte rapidement de l'hôpital, et je souhaite la quiétude à sa famille", a réagi Emmanuel Macron dans une interview publiée par Nice Matin ce lundi. Mais le chef de l'Etat ne se contente pas de ces quelques mots de compassion, il se lance même dans une petite leçon de morale, considérant que la septuagénaire n'aurait pas dû se rendre à cette manifestation. "Pour avoir la quiétude, il faut avoir un comportement responsable. Je pense que quand on est fragile, qu'on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci", ajoute ainsi Emmanuel Macron, qui justifie encore ce jugement de valeur sur l'attitude de la militante : "Cette dame n'a pas été en contact avec les forces de l'ordre. Elle s'est mise en situation d'aller dans un endroit interdit, de manière explicite, et donc d'être prise dans un phénomène de panique. Je le regrette profondément, mais nous devons, partout, faire respecter l'ordre public". Le président conclut son propos auprès de Nice Matin avec cette phase qui en dit long, qui exprime de l'empathie mais, en même temps, une tape sur les doigts avec un ton professoral : "Je lui souhaite un prompt rétablissement, et peut-être une forme de sagesse".

Geneviève Legay porte plainte.

La militante de 73 ans pourrait ne pas apprécier la petite leçon du chef de l'Etat. Sa famille a fait savoir qu'une plainte a été déposée ce lundi 25 mars pour "violences volontaires en réunion avec arme par personnes dépositaires de l'autorité publique et sur personne vulnérable". L'avocat de la Niçoise, Maître Arié Alimi, a précisé que cette plainte visait spécifiquement "le préfet en qualité de complice par ordres". Le parquet de Nice a déjà ouvert une enquête en "recherche des causes des blessures", une disposition classique après ce type d'événements.

Si le chef de l'Etat assure que Geneviève Legay n'a pas été touchée par la police, les proches de la septuagénaire comptent bien faire entendre une autre version des faits. La militante aurait été renversée dans un mouvement de foule, lorsque les forces de l'ordre sont intervenues pour faire évacuer la place Garibaldi. "Ils lui ont marché dessus, c'était très violent", insiste l'avocat de Geneviève Legay auprès du Figaro. Le procureur Jean-Michel Prêtre, contacté par le journal, a ajouté : "Elle a apparemment tapé fort sur un poteau du tramway. Cela s'est fait dans la phase de dispersion du rassemblement".

Les propos d'Emmanuel Macron font polémique.

Les réactions à l'interview d'Emmanuel Macron ne se sont pas fait attendre. Sur Twitter, plusieurs personnalités politiques ont directement ciblé le président de la République. Jean-Luc Mélenchon, patron de la France Insoumise, l'a interpellé frontalement : "Monsieur Macron, notre Geneviève de Nice n'a pas besoin de vos leçons de sagesse. Vous auriez beaucoup à apprendre d'elle", a-t-il écrit sur Twitter. "Macron est un barbare", a quant à elle accusé la députée insoumise Mathilde Panot. Nicolas Dupont-Aignan a aussi réagi sur la plate-forme. "La vraie sagesse, Monsieur Macron, c'est d'écouter nos anciens et les plus fragiles afin qu'ils n'aient pas besoin d'aller dans la rue pour exprimer leur détresse !" a-t-il lancé, avec de cibler "l'arrogance" du président, la qualifiant de "profondément inhumaine". Plusieurs internautes répondent également à l'allégation d'Emmanuel Macron selon laquelle la septuagénaire "n'a pas été en contact avec les forces de l'ordre", en montrant une photo de l'agence Reuters où on la voit au sol, enjambée par des CRS.

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La fille de la septuagénaire a également eu quelques mots pour commenter l'interview du chef de l'Etat, sur BFMTV. "Je pense que ce sont des propos indignes de la part d'un président. [...] On n'en veut nullement aux policiers parce que ce sont des hommes et des femmes comme nous, certains ont les même idées. Après tout, ils travaillent pour gagner leur pain. [...] On est en colère vis-à-vis de la charge qui a été ordonnée pour disperser les manifestants, alors qu'il y avait d'autres possibilités de faire évacuer dans le calme". Sur LCI, l'avocat de Geneviève Legay a aussi réagi à la sortie du président. Me Arié Halimi a qualifié ses propos de "grossiers à l'égard de nos aînés" et a appelé le président à être plus responsable sur la portée de ses mots. "Là, il véhicule l'idée qu'une personne âgée ne peut pas forcément aller manifester ses opinions" a-t-il dénoncé.