
Les dirigeants de l'AfD exultent après l'annonce des premiers sondages, dimanche soir.
L'AfD a réalisé le meilleur score de son histoire dans ces deux Länder d'ex-RDA.
Envoyé spécial à Potsdam.
Le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) a enregistré dimanche les meilleures performances électorales de son histoire sans parvenir néanmoins à remporter les deux régions de la Saxe et du Brandebourg. Celles-ci faisaient hier l'objet d'un scrutin local lourd de conséquences pour l'avenir politique du pays. Selon les premiers sondages de la première chaîne ARD, cette formation - qui surfe sur le fort sentiment anti-immigrés prévalant dans l'est de l'Allemagne - a respectivement obtenu 27,5 % et 22,5 % des voix, soit des scores en progression respective de 18 et 10 points. Son porte-parole, Alexander Gauland, s'est dit «très heureux» tout en regrettant que son parti ne soit «pas devenu la première force» en ex-RDA.
En Saxe, par rapport au dernier scrutin de 2014, la CDU d'Angela Merkel, qui dirige actuellement le gouvernement régional, conserve sa première place tout en accusant un net recul de 7 points. Dans le Brandebourg, son allié social-démocrate SPD au sein de la coalition fédérale, qui tient les manettes du Land depuis 30 ans, remporte également le scrutin, en baisse pour sa part de 4 points.
Aux côtés de l'AfD, les Verts sont le seul parti à améliorer leur score - d'environ trois points - remportant 9 % et 10 % des voix en Saxe et dans le Brandebourg. Tout en améliorant ses résultats d'une manière spectaculaire, décrochant systématiquement la seconde place, l'Alternative pour l'Allemagne ne sera pas en mesure de cogérer une quelconque des deux régions, dans la mesure où aucun parti dit traditionnel n'accepte de faire alliance avec elle. Ainsi en Saxe, la CDU pourrait répéter le scénario de la grande coalition qui prévaut à Berlin (avec le SPD) ou privilégier une alliance avec les Verts, tandis que dans la Brandebourg, les sociaux-démocrates pourraient entamer des pourparlers avec la gauche radicale et les écologistes.

Une jeune femme en tenue traditionnelle sorabe, une minorité slave du Brandebourg, quitte, dimanche, un bureau de vote de Burg, dans le Spreewald.
À eux deux, ces Länder ne comptent que 5,8 millions d'électeurs, soit 12 % du corps électoral, mais leur situation géographique dans l'est de l'Allemagne en fait des territoires symboles au moment où l'Allemagne va fêter les trente ans de la chute du Mur. Un troisième scrutin similaire et capital aura lieu en Thuringe le 27 octobre. Sur le plan fédéral, l'affaiblissement électoral est plus marqué du côté de la CDU - la formation d'Angela Merkel - que de l'allié SPD. Le piètre résultat des chrétiens-démocrates n'est pas pour renforcer la posture d'Annette Kramp-Karrenbauer, l'actuelle dauphine de la chancelière, déjà critiquée dans la presse pour ses nombreuses gaffes. La performance tout aussi chétive des sociaux-démocrates pourrait stimuler, mais en mode mineur, la voix de l'aile gauche du parti, qui prône une cure d'opposition. Mais le séisme a probablement été évité pour les deux.
Une situation dangereuse.
Dans la capitale du Brandebourg, à Postdam, le long de la rue Karl-Marx, près du bureau 5401, le score attendu de l'extrême droite faisait l'objet de toutes les craintes. Le nom de cette coquette artère qui serpente entre forêt et rivière, hérité de la période communiste, détonne avec le paysage alentour, truffé de maisons de luxe donnant avec ponton privatif sur le lac Griebnitz.