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La Poste : "J'ai l'impression qu'ils se foutent de ma gueule." Pourquoi tant d'insatisfaction ?


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La tournée d'Edouard est aujourd'hui longue de 95 km, "chronométrée" par des algorithmes. Il distribue 40 à 50 objets par jour. En ville, il l'avoue, beaucoup de facteurs ne sonnent plus chez les gens, "ils font ça car ils n'ont plus le temps, alors qu'ils n'ont pas le droit". Parfois, la quantité de livraisons qui incombe au facteur est trop importante par rapport à sa journée, mais il doit désormais rentrer à une heure précise. "Il arrive qu'on roule comme des tarés. Sur le terrain, leur règlement, on ne peut pas l'appliquer", affirme le facteur. Edouard parle des "tournées à découvert", celles qui sont repoussées au lendemain faute de moyens. Mais pour lui, les chefs, "ils s'en foutent, ils disent 'le client aura le courrier demain'". Il se souvient d'une époque où "c'était impossible !"

"Le service n'est plus là", déplore-t-il. "J'essaie d'être un facteur comme dans le temps, et je suis très content de faire mon boulot. 80% de mes collègues ne peuvent plus. C'est énorme !", s'inquiète le facteur. Edouard doit suivre des règles précises : "On doit faire notre tournée dans le sens imposé, on n'a pas le droit de dévier, parce que si on a un accident, c'est pour nous. On prend des risques tous les jours. On doit sonner à l'interphone, mais à l'époque on n'avait pas le droit de monter dans les étages ni de rentrer dans la cour de quelqu'un."

Pour lui, les nouveaux facteurs sont conditionnés pour aller plus vite. "Mes remplaçants, les fautes de distribution qu'ils font, faut voir ! Ils vont trop vite", affirme-t-il. Edouard nuance tout de même : "Il ne faut pas dire non plus que c'est seulement la direction qui a tort. J'ai plein de collègues, on a envie de leur dire ‘t'es pas payé à rien faire'. Pour moi, il y a aussi des abus de la part de collègues qui ne se bougent pas le cul. Il faut avancer."