Suite : Immunité, confinement, climat : par quels moyens la pandémie de Covid-19 pourrait-elle disparaître ?
Immunité collective.
D'autres pays optent pour la stratégie inverse, en laissant la population être exposée au virus, afin de générer une immunité collective. Même si le Premier ministre Boris Johnson s'en défend, c'est ce qui paraît ressortir de la stratégie, un peu brouillonne pour l'instant, du Royaume-Uni.
«A l'opposé de l'immense majorité des pays, le gouvernement britannique a décidé de ne pas instaurer de mesures drastiques de confinement. Pas de fermetures d'écoles ou d'universités, d'interdictions de rassemblements de masse (sauf en Ecosse)», écrivait Libération vendredi.
«Rien n'est fermé, ni les pubs ni les écoles, et les concerts comme ce week-end à Cardiff, où 6 000 personnes se sont collé les unes aux autres, sont maintenus, nous confirmait lundi notre correspondante à Londres, Sonia Delesalle-Stolper. Même s'il y a un cas de contamination dans une école, elle reste ouverte, et on demande à l'élève de rester chez lui sept jours, même pas quatorze jours, soit la durée maximale d'incubation.»
«Si vous supprimez très fortement quelque chose, quand vous relâchez ces mesures, le risque est de subir un rebond, au mauvais moment», a expliqué Patrick Vallance, conseiller scientifique du gouvernement britannique, pour justifier cette stratégie. Selon lui, il faudrait que 60% de la population britannique soit exposée au virus pour développer une telle immunité collective.
Sous le feu des critiques, Boris Johnson s'est résolu, lundi en fin de journée, à demander aux Britanniques de mettre fin aux contacts sociaux et aux déplacements non essentiels. Une «forte recommandation», mais toujours pas d'interdictions ou de fermetures de lieux publics, jugées «pas nécessaires».
Inconvénient de la stratégie du "laisser-faire": le risque de saturation des infrastructures de santé - déjà sous pression en temps normal outre-Manche - conduisant à une surmortalité dans le pays. Selon une étude de l'Imperial College de Londres portant sur les Etats-Unis et le Royame-Uni, et dont Le Monde s'est fait l'écho mardi, cette option, visant à seulement atténuer les effets de l'épidémie, «n'empêcherait pas une augmentation des cas qui excéderait jusqu'à huit fois les capacités en lits d'hôpitaux et de ranimation, dans le scénario le plus optimiste».