
La plus forte hausse de décès a été recensée entre lundi et mardi - 499 morts de plus pour un bilan de 3 523 - alors que l'évacuation des malades pour soulager les régions les plus saturées continue.
La France entre, mercredi 1er avril, dans sa troisième semaine de confinement pour empêcher la propagation de l'épidémie causée par le coronavirus, et le bilan humain de la crise sanitaire ne cesse d'augmenter. Le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, parle d'une « situation totalement inédite dans l'histoire de la médecine française ». Selon les derniers chiffres officiels communiqués, mardi :
3 523 personnes sont mortes, soit une hausse de 499 en vingt-quatre heures, la plus forte depuis le début de l'épidémie.
5 565 patients sont en réanimation, dont 458 depuis vingt-quatre heures. Le total représente le double depuis une semaine. Trente-quatre pour cent ont moins de 60 ans et 60 % ont entre 60 et 80 ans.
22 800 personnes sont hospitalisées, soit une hausse de 1 749 depuis lundi.
Un tiers des décès enregistrés dans les hôpitaux l'ont été en Ile-de-France, où l'épidémie est en train de déferler après avoir frappé l'est du pays. Dans la région Grand-Est, le seuil des 1 000 morts dans les hôpitaux a été franchi.
Des transferts de patients en état grave se poursuivent par TGV.
Pour alléger les services hospitaliers déjà sous pression en Ile-de-France, alors que le pic n'est pas encore atteint, le transfert de malades en état grave vers des régions qui disposent de lits continue.
Deux TGV médicalisés ont évacué mercredi, de Paris vers la Bretagne, 36 malades du Covid-19 en réanimation. Un premier TGV, avec à son bord 24 patients, est parti en fin de matinée de la gare d'Austerlitz à Paris à destination de Saint-Brieuc puis de Brest, selon la Direction générale de la Santé, suivi d'un deuxième transportant douze malades vers Rennes.
Il s'agit de la première évacuation de malades de cette envergure en Ile-de-France. Les patients venaient de dix hôpitaux de la région, où 870 malades du Covid-19 étaient en réanimation, selon le directeur général de l'AP-HP, Martin Hirsch.
Ce moyen de transport reste « compliqué », a rappelé le professeur Jérôme Salomon, car les patients sont « surveillés pendant tout le trajet par une équipe de réanimation complète. C'est un processus très lourd et totalement fiable » :
« 288 patients lourds ont été transférés vers des régions moins en tension [depuis le 18 mars] et ce nombre est amené à progresser dans les jours et semaines qui viennent. »
La région Grand-Est n'en a pas fini non plus avec la saturation de ses capacités : vingt et un transferts étaient en cours vers le Luxembourg, l'Allemagne et la Suisse, selon le directeur général de la santé, qui s'est dit confiant car la région devrait connaître une diminution des hospitalisations pendant la deuxième quinzaine d'avril. Des patients ont déjà été transférés ces derniers jours vers d'autres régions de France par TGV, hélicoptères et avion militaires. Six malades devaient être transférées du nord-est de la France vers Toulouse mercredi, devenant les premiers malades venus d'autres régions accueillis par l'Occitanie.
En outre-mer, un couvre-feu a été décrété à partir de mercredi dans toute la Martinique « sauf pour les urgences sanitaires vitales », selon le préfet, alors que le pic de l'épidémie est attendu dans les prochains jours.
Première audition d'Edouard Philippe et Olivier Véran devant l'Assemblée nationale.
Le premier ministre, Edouard Philippe, et le ministre de la santé, Olivier Véran, seront auditionnés à l'Assemblée nationale par une mission d'information, pour parler de « l'impact, de la gestion et des conséquences » de l'épidémie. L'audition aura lieu à 18 heures, par visioconférence.
Cette mission, composée de 31 élus de tous les partis politiques représentés à l'Assemblée, a vocation à contrôler chaque semaine les mesures prises par le gouvernement. Manque de masques de protection, de tests, de moyens pour les hôpitaux, pénurie de médicaments, mais aussi ajustement des mesures économiques et sociales, et encore critiques de l'imprévoyance de l'exécutif seront au menu, en relais des interrogations des Français.
Sur la question sensible des masques, dont la France a commandé un milliard d'unités à la Chine, Emmanuel Macron a promis mardi 4 milliards d'euros pour financer des commandes « en masques » mais aussi en médicaments et respirateurs.
Ce n'est que dans un deuxième temps, non encore fixé, que cette mission se dotera des pouvoirs d'une commission d'enquête, pour mener notamment des investigations sur pièces et sur place. D'autant qu'en plein état d'urgence sanitaire, le Parlement a délégué une partie de ses prérogatives au gouvernement, tout en maintenant sa mission de contrôle.
Des scénarios de déconfinement à l'étude.
Le gouvernement « travaille sur différents scénarios de sortie de confinement », a affirmé mercredi la porte-parole Sibeth Ndiaye à l'issue du conseil des ministres. Si elle a estimé qu'il était « un peu tôt pour organiser une sortie de crise » et que le gouvernement, dans l'attente de données scientifiques supplémentaires, n'était « pas capable aujourd'hui de dire à quel moment cette crise se terminera », elle a cependant esquissé les critères d'un « déconfinement ».
La France est officiellement confinée jusqu'au 15 avril, mais les autorités ont d'ores et déjà prévenu que cette période pourrait être prolongée.
Le premier critère sera de s'assurer que « l'épidémie régresse », en observant « le nombre d'entrées quotidiennes dans les services de réanimation », a détaillé la porte-parole. « Ensuite, les stratégies de déconfinement s'appuient sur différentes touches de piano », a-t-elle ajouté, en évoquant « le degré d'immunité dans la population générale », qui sera mesuré notamment par les tests sérologiques, disponibles « dans les jours ou les semaines qui viennent » selon le ministre de la santé, Olivier Véran.
Plus de 204 200 petites entreprises et indépendants ont fait la demande pour une aide de l'Etat.
L'annonce a été faite par le ministre du budget, Gérald Darmanin. Ces TPE et indépendants ont fait la demande de recevoir 1 500 euros via le fonds de solidarité créé par le gouvernement. Voilà comment le ministre de l'économie Bruno Le Maire avait décrit ce fonds, qui devrait dépenser 1,7 milliard d'euros sur le mois de mars.
« Pour les microentrepreneurs, pour les plus petites entreprises, pour les indépendants, qui ont moins d'un million de chiffre d'affaires [et qui] ont perdu, entre mars 2019 et mars 2020, 70 % de leur chiffre d'affaires.
Nous voulons que la solidarité joue à plein. On va faire simple. On va faire massif et on va faire solidaire : 1 500 euros, c'est le tarif de base qui sera garanti sous forme forfaitaire à toute entreprise qui rentrerait dans ce champ. [Il] est là pour apporter un filet de sécurité à tous ceux qui ne rentreraient pas dans le cadre des autres aides qui sont apportées. »
La ministre du travail, Muriel Pénicaud, a annoncé par ailleurs, mercredi, que le dispositif de chômage partiel avait été sollicité mardi soir par 337 000 entreprises pour 3,6 millions de salariés. Selon son entourage, cela représente, sur une durée de trois mois, une dépense potentielle de 11 milliards d'euros, bien au-delà des 8,5 milliards budgétés par le projet de loi de finances rectificative.