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Changement climatique : plus de la moitié de la surface glaciaire du Pérou a complètement disparu


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Le Pérou, un pays d'Amérique du Sud riche en ressources naturelles, n'est pas uniquement célèbre pour sa forêt amazonienne mais aussi pour ses nombreux glaciers actuellement en dangers. Sans grande surprise, le changement climatique est en grande partie responsable de la réduction par moitié de la surface glacière des 18 chaînes de montagne enneigées du pays.

On évoque souvent les problèmes liés à la déforestation de la forêt amazonienne péruvienne, cependant le Pérou doit également faire face à d'autres problématiques environnementales sur son territoire.

En effet, le pays compte un total de 2 259 glaciers dans les 18 chaînes montagneuses enneigées, ce qui correspond à une surface de 1118 km². "D'après le dernier rapport de l'INAIGEM, au cours de la période de 1962 à 2016, les 18 chaînes de montagnes enneigées du Pérou ont perdu 53% de leur surface", assure Jesús Gomez López, Directeur de Recherche des Glaciers à l'Institut national de recherche sur les glaciers et les écosystèmes de montagne (INAIGEM).

Les glaciers ne sont pas uniquement beaux à admirer et à observer, ils sont essentiels dans la régulation des flux d'eau des rivières andines "utilisés aussi bien pour la consommation d'eau potable, l'agriculture ou encore l'hydroélectricité. Ils atteignent même la côte pour irriguer des zones du désert", a-t-il expliqué tout en ajoutant que "des preuves scientifiques existent et soulignent le déclin de cette contribution de l'eau des glaciers."

Evidemment, le recul progressif des glaciers est une des conséquences du réchauffement climatique actuel dû à l'augmentation moyenne de la température face à la hausse des émissions de gaz à effet de serre. "L'activité industrielle est la principale cause du changement climatique auxquels s'ajoutent le changement dans l'utilisation des sols, la déforestation ou encore les incendies. Les conséquences ? Une dégradation des écosystèmes et un accroissement de la désertification. Tout cela affecte, directement ou indirectement, les glaciers et accélère la fonte des glaces", a-t-il expliqué en détails.

La fonte des glaces est un phénomène bel et bien réel qui ne fait que s'accélérer face à l'inaction gouvernementale. "D'après les prévisions réalisées, les premières chaînes de montagnes qui ne vont bientôt plus être couvertes de glace seraient les suivantes: La Viuda, Chonta, Huanzo et Chila. Elles n'atteindraient même pas l'année 2025", a-t-il annoncé.

Un rapport de l'Autorité Nationale de l'Eau (ANA) du Pérou confirment que ces chaînes montagneuses ont déjà perdu plus de 90% de leur superficie glaciaire et vont prochainement disparaître comme c'est le cas pour les cordillères Barroso et Volcánica.

Ces données donnent déjà un aperçu pour les prochaines années à venir et prouvent que la situation est catastrophique. "Cela signifie qu'une source d'eau importante pour les villes de Lima, Huancavelica, Apurimac et Arequipa va entièrement disparaître", a ajouté Jesús Gomez.

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Des mesures doivent être prises rapidement pour avoir encore un espoir de ralentir le processus de déglaciation "en remplaçant l'utilisation d'énergies fossiles par une énergie propre. Pour y parvenir, des politiques étatiques sont nécessaires."

Conséquences environnementales de la fonte des glaciers au Pérou.

La fonte des glaces est un processus continu de perte de masse et, par conséquent, de surface. Celle-ci a un impact néfaste sur les écosystèmes et la biodiversité qui l'entourent provoquant, par exemple, l'extinction de certaines espèces animales et végétales.

Pour empêcher la disparition de certaines espèces, celles-ci doivent s'adapter à leur nouvel habitat naturel et pour cela l'Homme ne doit en aucun cas interférer au sein de leur environnement. "Cependant, on sait que bon nombre des activités économiques promues par l'Etat se déroulent dans des zones très sensibles ayant des impacts négatifs sur ces écosystèmes, alors les animaux deviennent de plus en plus vulnérables", a clairement indiqué le Directeur de Recherche.

De plus, en réponse au phénomène de la fonte des glaces, certaines chaînes montagneuses deviennent "potentiellement dangereuses" telles que la Cordillère Blanche, Vilcabamba et Apolobamba. Elles sont à l'origine de phénomènes climatiques extrêmes. En effet, "les processus de déstabilisation des pentes déclenchent des avalanches de glace, de roche ou bien les deux, pouvant provoquer un débordement de la lagune."

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Par exemple, en raison de fortes pluies, en février dernier, un bloc de glace s'est détaché du pic enneigé Salkantay, dans la région de Cusco. La lagune a débordé et le débit des trois fleuves aux alentours s'est intensifié.

Dans la région de Junín, l'importante Cordillère Huaytapallana, située dans la zone centre-sud de la région, a déjà perdu 68% de sa masse glaciaire. "Les eaux qui proviennent des montagnes enneigées de cette cordillère représentent une source essentielle pour le fleuve Xulcas qui est lui-même source d'eau potable pour les 400 000 habitants de la Vallée du Mantaro métropolitain", a expliqué Walter López, Coordinateur du Changement Climatique au sein du gouvernement régional de Junín. Ces eaux sont également nécessaires aux activités économiques telles que l'agriculture, l'élevage, l'aquaculture etc. Pour protéger cette chaîne de montagne précieuse, le gouvernement de la région de Junín a déclaré les montagnes de Huaytapallana "Zone de Conservation Régionale" en 2011.

De plus, le recul des glaciers exposent également les zones rocheuses minéralisées à l'environnement alentour et celles-ci finissent par s'oxyder. "L'impact est immédiat et le détachement de minéraux lourds participent à la contamination naturelle de l'eau", a assuré Jesús Gomez, tout en ajoutant que "c'est pour cette raison qu'il est urgent de tourner notre regard vers les hauteurs pour mieux gérer les écosystèmes de montagne."

Cette problématique liée à la fonte des glaces est bien évidemment mondiale, il n'est pas rare de voir de terribles images circuler dans les médias et sur les réseaux sociaux d'ours polaires, par exemple, qui semblent abandonnés et complètement dépourvus face au changement climatique emportant avec lui leur habitat naturel. Pour autant les prévisions pour le futur sont loin d'être optimistes... "D'après les modèles climatiques mondiaux (GCM), 80% de la surface des glaciers devrait disparaître d'ici 2100."

Formations de lagunes et de lacs.

"Les glaciers sont des écosystèmes très sensibles au changement climatique. Au cours des dernières décennies, les effets ont été plus évidents, entraînant une diminution notable de la masse des glaciers et la formation de nouveaux lacs", a indiqué l'Agence Nationale de l'Eau dans son rapport.

L'intensification du retrait des glaciers ont effectivement modifié les paysages des chaînes montagneuses avec la formation de nouveaux lacs. Selon les chiffres diffusés par l'ANA, le Pérou comptabilise plus de 8000 lacs de montagne sur son territoire.

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"L'apparition de nouvelles lagunes dépend de leur emplacement et des conditions géomorphologiques. Elles ne seront jamais très grandes. Cependant, elles pourront avoir la taille suffisante pour être un élément déclencheur dans le débordement des lagunes en contrebas", a indiqué Jesús Gomez.

Si le réchauffement de la planète continue de s'accélérer, la fonte des glaces va alors s'intensifier. Une question se pose: la source d'eau des lagunes va-t-elle être suffisante dans un futur proche ?

"Dans l'hypothèse d'un Pérou sans glaciers, où l'on dépendra exclusivement du cycle hydrologique, les nouveaux lacs vont atténuer, dans une certaine mesure, l'approvisionnement en eau des vallées en aval", a assuré Jesús Gomez. "Ce contexte nous met au défi de gérer comme il se doit les sources d'eau des bassins qui sont, en définitive, les zones de captage d'eau qui alimentent les écoulements de surface et de souterrains."