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Ouverture d'une enquête, réactions... Ce que l'on sait des tags révisionnistes à Oradour-sur-Glane


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Des tags négationnistes à l'entrée des ruines du village martyr d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) ont provoqué ce samedi 22 août, l'indignation jusqu'au plus haut sommet de l'État. Emmanuel Macron promet que « tout sera fait » pour retrouver les auteurs.

À l'ouverture du centre de la mémoire du village martyr d'Oradour-sur-Glane en Haute-Vienne, vendredi 21 août, « c'est l'indignation générale », raconte le président du centre, Fabrice Escure. Sur la façade du centre, le mot « martyr » a été rayé avec de la peinture blanche et remplacé, à côté, par le mot « menteur » en lettres capitales, accompagné du nom d'un militant condamné pour négationnisme.

« Qu'on barre le mot martyr, qu'on mette menteur et le nom d'un révisionniste à la place, vous comprenez que nous sommes choqués », a ajouté le maire d'Oradour-sur-Glane, Philippe Lacroix.

Cet acte négationniste a été condamné ce samedi 22 août, jusqu'au plus haut sommet de l'État, Emmanuel Macron dénonçant un acte « inqualifiable ».

Une enquête a été ouverte.

Une plainte a été déposée samedi matin, a fait savoir Fabrice Escure et une enquête a été ouverte, a indiqué le maire Philippe Lacroix. « Elle pourra s'appuyer sur des caméras de surveillance. Les gendarmes vont voir s'ils peuvent en tirer quelque chose », a fait savoir Fabrice Escure.

Si des vidéos négationnistes ont déjà circulé concernant Oradour-sur-Glane, de telles inscriptions n'avaient jamais été vues, affirment les autorités locales. « Il y a toujours une tentation de revisiter l'histoire », mais « les tags révisionnistes, ça n'a jamais été le cas », a fait savoir le maire.

« Ce coup-ci, on a l'impression d'avoir franchi un cran », a déploré de son côté le président du centre de la mémoire. « Ce qui est agréable pour nous est de recevoir des messages de soutien de partout, ça montre que le devoir de mémoire est ancré », a toutefois poursuivi Fabrice Escure.

Réaction de l'exécutif.

Le président Emmanuel Macron a promis ce samedi que « tout sera fait » pour poursuivre les auteurs des tags. Le chef de l'État « condamne avec la plus grande fermeté cet acte inqualifiable. Il apporte tout son soutien au maire et à la commune. Il leur assure que tout sera fait pour que les auteurs de cet acte soient traduits en justice », a communiqué l'Élysée.

« Souiller ce lieu de recueillement, c'est aussi salir la mémoire de nos martyrs », regrettait vendredi soir le Premier ministre Jean Castex.

https://twitter.com/JeanCASTEX/status/1 … 9403033603

Le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, ancien député de la deuxième circonscription de Haute-Vienne, s'est rendu sur place en cette fin d'après-midi : « Le procureur est en charge de l'enquête, il a mobilisé des services importants [...] pour traquer ceux qui ont commis ces actes ignobles », a-t-il assuré devant la presse.

Écœuré, révulsé, lâche... Toute la classe politique réagit.

Les réactions de la classe politique étaient unanimes samedi. Le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon se disait « écœuré par la profanation ». « Ni oubli ni pardon », ajoute-t-il sur Twitter.

Le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel était « indigné et révulsé ». « Le négationnisme est une barbarie autant que l'a été celle du nazisme » s'est-il exprimé.

Le président socialiste de Nouvelle Aquitaine, Alain Rousset, parle d'actes « indignes et lâches » dans un communiqué de presse. « Cela doit nous encourager à entretenir la mémoire de ce lieu et de son histoire avant d'autant plus de force », poursuit-il.

À droite, le député LR Éric Ciotti appelle « à ne pas banaliser de tels actes et à renforcer la transmission de cette mémoire », sur Twitter.

À l'extrême-droite, pour Marine Le Pen, « il serait temps de mettre un bon coup de vis pour stopper cette recrudescence d'actes qui heurtent profondément ».

Réaction du dernier rescapé du massacre.

« Ce qui me choque c'est que l'on ne prenne pas conscience que des enfants et des femmes ont disparu dans des douleurs atroces », a réagi Robert Hebras, 95 ans, dernier rescapé du massacre.

« À Oradour, on se rend compte de ce qu'il s'est passé, comment les gens ont été froidement exécutés et brûlés. Ce que je crains, c'est que tout le monde parle d'Oradour durant 48 heures et puis qu'on arrête, qu'on oublie », a-t-il poursuivi.

Plus de 600 villageois massacrés.

Le 10 juin 1944, la division SS Das Reich a tué 642 villageois à Oradour. Ce jour-là, ces soldats allemands avaient rassemblé les hommes dans les granges du village et les avaient fusillés. Ils avaient aussi regroupé femmes et enfants dans l'église avant d'y mettre le feu.

Le Centre de la mémoire, créé en 1996, a pour vocation de rappeler aux quelque 300 000 visiteurs chaque année de ce village resté en ruine, près du nouveau bourg, l'un des épisodes les plus tragiques de la Seconde guerre mondiale. Six personnes survivront, ainsi qu'une trentaine d'autres qui avaient réussi à se cacher. Les soldats ayant mis le feu au village entier dans la foulée.

Le centre de la mémoire est resté ouvert au public ce samedi. « Il y a du monde aujourd'hui », a souligné Fabrice Escure. Reste à présent à remettre la façade en état « rapidement, sans abîmer la structure », a-t-il conclu.