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Délais à rallonge, manque d'inspecteurs : embouteillage pour passer le permis B


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La durée de passage du permis a été réduite de 30 à 20 minutes, pour pouvoir conjuguer nombre de places et nouvelles normes sanitaires.



Après l'interruption des passages de l'examen du permis de conduire, lors du confinement, les auto-écoles éclusent, bon gré mal gré, leurs candidats, avec de grandes disparités entre les villes bretonnes.

Un mois et demi, « voire deux mois », pour un premier passage à l'examen du permis de conduire. Et trois à quatre mois pour un deuxième. Ce sont les délais qu'annonce l'auto-école ECF Roudaut, de Bellevue, à Brest (29). « Ils ne font que s'allonger depuis juin. Aujourd'hui, je ne promets plus rien, je ne sais plus », souffle Christine Jean, de l'auto-école. Ses fichiers d'inscriptions, eux, ne désemplissent pas. « Les gens ont toujours besoin du permis. Ces délais, ce sont des stages, du travail qu'ils n'ont pas, c'est difficile. »

Pour elle, le confinement n'a fait que mettre en exergue un manque déjà là. « C'était déjà compliqué avant mars, il fallait trois semaines, un mois. Il est temps que cela change. » L'école CER, du centre-ville de Brest, croise les doigts. « C'est tendu. Heureusement, les élèves prennent leur temps pour revenir... Il nous faut un mois pour un premier ou deuxième passage. Un troisième, c'est très compliqué. »

Dix nuances de délais.

Un département, deux ambiances : vers Quimper (29), même si « août et septembre ont été difficiles, on revient vers un premier passage sous quinze jours », explique-t-on à l'agence MC formations, d'Ergué-Gabéric (29). Vannes (56) aussi pourrait fanfaronner. « Après un temps de latence, on a tout rattrapé en trois mois. J'ai quinze jours de délais en cas d'échec », lance Daniel Garnier, chez AB conduite. « On a une très bonne équipe à la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer), de Vannes, ils ont fait le nécessaire dès le départ. Les inspecteurs ont tous repris le travail et ils ont raccourci leurs vacances pour ouvrir des places », salue-t-il.

Le retard s'est surtout joué entre la réouverture des auto-écoles, en mai, et celle des places à l'examen, le 8 juin. Les candidats ont alors connu leur premier embouteillage. Dans les Côtes-d'Armor, les écoles de conduite avaient même manifesté pour obtenir des places.

Manifestation des auto-écoles à Saint-Brieuc :

« On est arrivé au bout d'un système. »

Finalement, ils ont gagné un nouvel inspecteur, et 245 passages de plus, entre juin et juillet. Yann Milbeau, de l'auto-école du Vally, à Guingamp (22), qui dénonçait ce manque de places, n'est plus à plaindre depuis : il a retrouvé, « fin septembre », un retour à la normale.

« Quand un élève échoue une fois, c'est deux à trois mois pour repasser l'examen, puis quatre à six mois. »

« Ce ne sont que des effets d'annonce, ces nouvelles places ont seulement compensé les trois semaines de battement », plaque pourtant Clémence Haicault, monitrice de l'école Saint-Pierre, à Saint-Brieuc (22), qui fait partie du Conseil national des professions de l'automobile. Elle aussi dénonce un manque « récurrent » d'inspecteurs. « Ce nouveau poste ne fait que compenser ceux qui sont en arrêt, qui sont toujours comptés dans les effectifs, même pour des longs arrêts », s'étrangle-t-elle. Aujourd'hui, elle commence à rattraper le retard, « mais quand un élève échoue une fois, c'est deux à trois mois pour repasser l'examen, puis quatre à six mois ».

Pour concilier délais et protocoles sanitaires, le passage du permis B est toujours réduit de 30 à 20 minutes. Côté législation, un projet de loi prévoit de pouvoir s'inscrire soi-même à l'examen, et de ne plus avoir besoin de justificatif de domicile.