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A Berlin, un nouvel aéroport huit ans trop tard


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Le terminal 1 de l'aéroport Willy-Brandt de Berlin-Brandebourg, le 27 octobre.



L'inauguration du site, qui devait avoir lieu en 2012, se déroulera finalement dimanche. Conclusion d'un projet monumental jalonné de révélations sidérantes.

Cette fois, aucune grande fête n'a été prévue. Samedi 31 octobre, seule une petite centaine d'invités se retrouveront autour d'un modeste pot pour marquer l'ouverture - avec huit ans de retard - du nouvel aéroport de Berlin Willy-Brandt. Rien à voir avec l'immense réception qui aurait dû se tenir le 24 mai 2012.

Ce jour-là, 10 000 personnes avaient été conviées pour l'inauguration de ce qui était présenté comme « l'aéroport le plus moderne d'Europe ».

Mais l'événement avait été annulé en catastrophe une semaine plus tôt après qu'une expertise technique eut révélé que le système anti-incendie était défectueux.

A l'époque, la direction du site avait assuré que tout serait réglé en trois mois. Il aura finalement fallu attendre huit ans pour que l'ouverture - six fois annoncée et six fois reportée - puisse enfin avoir lieu.

Que celle-ci soit aujourd'hui célébrée en petit comité - pour ne pas dire en catimini - n'a rien d'étonnant. D'abord en raison de la situation sanitaire, qui empêche la tenue des grands rassemblements. Ensuite à cause de la crise que traverse le secteur aérien, une crise sans précédent qui rend inconcevable une inauguration festive comme celle imaginée en 2012, époque où le secteur était, au contraire, en pleine croissance.

Enfin, à cause de l'histoire même de ce nouvel aéroport. L'histoire d'un projet monumental qui a viré au fiasco le plus total. Une histoire jalonnée de révélations sidérantes et de démissions fracassantes. Une histoire tellement ubuesque que deux commissions d'enquête parlementaires ont même été créées pour tenter d'expliquer comment un chantier qui devait être achevé en cinq ans avec un budget de 2,7 milliards d'euros aura finalement duré trois fois plus de temps et coûté deux fois plus cher.

Calendrier intenable.

Cette histoire, en réalité, commence à la fin des années 1980. En visite à Berlin-Ouest le 12 juin 1987, Ronald Reagan prononce, devant la porte de Brandebourg, un discours aux accents prophétiques. Interpellant son homologue soviétique en une formule qui restera célèbre (« M. Gorbatchev, abattez ce mur ! »), le président américain imagine ce que deviendra Berlin quand elle ne sera plus coupée en deux : une ville « ouverte à toute l'Europe, celle de l'Est comme celle de l'Ouest », une ville qui, pour cela, devra être « dotée de meilleures liaisons aériennes » et « pourra devenir l'une des principales plates-formes aéroportuaires du centre de l'Europe ».