LE SOULÈVEMENT D'UN GENRE
Nos années "keupon".
Le cyberpunk possède désormais ses oeuvres littéraires (Neuromancien) et cinématographiques (Blade Runner) de référence, et peut amorcer sa phase d'émancipation. Au cours des années 80, le phénomène cyberpunk prend de plus en plus d'ampleur. Films, bandes dessinées, séries TV, romans... aucun média n'échappe bien longtemps à ce sous-genre de la science-fiction bien déterminé à devenir un genre à part entière.
En 1984, une machine à tuer interprétée par le sculptural Arnold Schwarzenegger frappe en plein coeur le 7e Art. Terminator réalisé par James Cameron (Aliens, Titanic, Avatar) reprend à son compte certaines thématiques centrales du cyberpunk à commencer par le soulèvement des machines, l'asservissement de l'humanité ainsi que les dangers d'un progrès technologique incontrôlé, et impose le T-800 comme figure iconique du cinéma de genre.
Trois ans plus tard, un autre robot ou plutôt cyborg dans le cas du policier Alex Murphy fait ses premières armes dans RoboCop (1987). Ce film réalisé par Paul Verhoeven (Basic Instinct, Starship Troopers, Total Recall) aborde d'autres thématiques chères au cyberpunk, le poids grandissant des méga corporations, le principe de gouvernance de substitution (ici économique) et l'impunité qui en découle.
La privatisation des symboles d'autorité et la mise en garde face à leur déshumanisation ne font que souligner les dérives sécuritaires contemporaines, des dérives technologiques mises en scène récemment par Neill Blomkamp dans Chappie (2015).
En parallèle, un nouvel auteur américain émerge. K. W. Jeter, considéré comme le protégé de Philip K. Dick, publie en 1984 le controversé Dr Adder. Il y dépeint une Amérique décomposée à la merci des puissants sur fond de modifications corporelles et de perversions sexuelles.
La publication de cet ouvrage controversé fut retardée de 12 ans du fait de sa violence extrême et des scènes de sexe très graphiques. Selon son mentor, Dr. Adder aurait fait l'effet d'une bombe s'il était sorti une fois terminé en 1972. Deux autres romans, The Glass Hammer (1985) et Death Arms (1987), forment la trilogie du Dr. Adder.
Philip K. Dick est l'un des écrivains si ce n'est l'écrivain le plus adapté en films (et en téléfilms). Total Recall de 1990 est une adaptation de la nouvelle “Souvenirs à vendre” (ou We Can Remember It for You Wholesale). Le réalisateur Paul Verhoeven s'attarde sur l'altération de la mémoire, et y confronte réel et virtuel sur fond de colonisation martienne. Le récit de Philip K.
Dick sera adapté une seconde fois en 2012 par Len Wiseman (Underworld, Die hard 4 : Retour en Enfer). Dix ans auparavant, Steven Spielberg portait sur grand écran un autre livre de P. K. Dick, “Minority Report” en 2002.
Le cinéma a depuis toujours puisé dans la littérature, et quand il s'agit de cet auteur en particulier, la retenue n'est pas de mise. Et ce n'est clairement pas le seul. I, Robot d'Alex Proyas (The Crow, Dark City) s'inspire librement de la série de nouvelles écrites par Isaac Asimov “Hardwired”, et y décrit une autre vision du soulèvement des machines.