
Jean-Pierre Clamadieu, le président du conseil d'administration d'Engie, le 27 août à Paris.
En présentant, fin novembre, la nouvelle réglementation pour les logements neufs, le gouvernement savait qu'il n'allait pas faire plaisir aux industriels du gaz. Jean-Pierre Clamadieu, le président du conseil d'administration d'Engie (ex-GDF Suez), dénonce ainsi une politique qui donne la priorité au chauffage électrique.
« L'électrification est un vecteur important de la décarbonation de notre économie, mais ça ne peut pas être le seul. Le modèle du tout-électrique est voué à l'échec », souligne M. Clamadieu, dont le groupe, premier fournisseur de gaz en France, est aussi un gros producteur d'électricité, notamment nucléaire et hydraulique, dans le monde.
Le groupe s'inquiète des dispositions prises par le gouvernement pour le logement neuf. La nouvelle réglementation environnementale (dite RE 2020), qui doit encore faire l'objet de consultations, fixe un cadre assez radical, en rendant de fait impossible d'installer du chauffage au gaz dans les maisons individuelles dès l'été 2021. Pour les logements collectifs, cette mesure s'appliquera de manière plus progressive, à partir de 2024. Concrètement, les nouvelles règles fixent un seuil d'émissions de CO2 très bas, qui exclut le gaz du logement neuf.
« Ces annonces ont provoqué beaucoup d'inquiétudes, souligne M. Clamadieu. Des clients ont appelé pour demander s'ils auront encore du gaz demain, les salariés sont très inquiets. » Le sujet est existentiel : si la part du gaz diminue progressivement, c'est l'ensemble de la filière qui est menacée.