
Les chiffres de cyclomoteurs dans quelques provinces espagnoles pour généraliser l'ensemble des motos européennes.
Les opérateurs de contrôle technique encore impliqués dans l'évaluation.
En 2014, la France avait rejeté l'idée de l'instauration d'un contrôle technique européen pour les deux-roues motorisés et bénéficié d'un sursis jusqu'en 2022 en conservant la possibilité d'éviter celui-ci si des mesures annexes étaient prises et que l'accidentalité des deux-roues baissait
Mais voilà, le contrôle technique obligatoire pour les motos vient de resurgir sous l'impulsion du Parlement Européen qui vient de voter une proposition imposant son instauration et qui va être présenté à la Commission européenne. Mais comme en 2013, les critiques sont nombreuses sur ce sujet.
Les associations de défense des usagers de deux-roues motorisés maintiennent, comme à l'époque, leur discours sur la futilité d'une telle mesure en matière d'amélioration de la sécurité.
En effet, selon le rapport MAIDS, qui fait figure de référence, seuls 0,5 % des accidents de moto sont liés à une défaillance technique. Mais bien que complet (1000 accidents étudiés dans 5 pays d'Europe), le rapport date aujourd'hui de 2005 et les conclusions pourraient avoir évoluées 15 ans plus tard, même si la proportion ne devrait pas être radicalement différente. Et ce d'autant plus que l'accidentalité des deux-roues a baissé en valeur alors même que leur nombre a été multiplié par 10 en 30 ans.
De plus, le conseil général des Ponts et Chaussées affirmait déjà en 2007 qu'il était difficile d'établir une corrélation entre état du deux-roues et accidentalité.
Les parlementaires européens se sont donc appuyés sur un rapport plus récent. Le problème, c'est que ce rapport n'a absolument aucune valeur puisqu'il porte uniquement sur les cyclomoteurs et dans quelques provinces espagnoles. Extrapoler des données très locales sur une cylindrée spécifique comme des 50 cm3 à toutes les motos d'Europe quelle que soit la cylindrée pose ainsi un vrai problème de fond.
L'autre grand point qui entache le dossier est le même que celui qui avait fait beaucoup parler : l'implication directe d'opérateurs de contrôle technique dans le comité chargé d'évaluer la pertinence de celui-ci. Forcément, on peut douter de la sincérité de l'évaluation d'une société à la fois juge et partie car ayant a gagner dans la mise en place d'un contrôle technique qui, au-delà de l'aspect sécuritaire, va directement bénéficier d'une activité supplémentaire qui impactera ses résultats.
Entre rapport non représentatif et conflit d'intérêts, on peut facilement comprendre le problème de fond de ce projet.