Le "vecteur viral" remis en question.
Comment l'expliquer ? "On ne connaît pas le mécanisme direct qui amène ces effets indésirables", répond Pascal Crépey, enseignant-chercheur en épidémiologie à l'Ecole des hautes études de santé publique de Rennes. Une piste, seulement : les vaccins liés à ces thromboses reposent sur la technologie du "vecteur viral" et non sur celle de l'ARN messager. "On a zéro thrombose atypique à ce jour avec les vaccins à ARN messager", tranche Mathieu Molimard, chef du service de pharmacologie du CHU de Bordeaux.
Au départ, "l'idée est la même : avoir un ARN messager qui rentre dans la cellule et qui fait fabriquer la protéine Spike à l'organisme", expose Bruno Canard, directeur de recherche au CNRS à Aix-Marseille et spécialiste des coronavirus. Le vecteur employé pour y parvenir est différent. "Au lieu de faire rentrer directement l'ARN messager dans la cellule, on utilise un autre vecteur, un adénovirus rendu bénin". Dans le cas d'AstraZeneca, il s'agit d'un adénovirus de chimpanzé, génétiquement modifié pour devenir inoffensif et incapable de se répliquer, quand Janssen a choisi un adénovirus humain.
"Ce vaccin à base d'adénovirus donne une très bonne immunité, constate Bruno Canard, mais aussi de rares cas de thromboses". En conséquence, poursuit-il, "à l'heure actuelle, le match entre les vaccins à vecteur viral et les vaccins à ARN messager est gagné 1 à 0 par ces derniers".
"Les vaccins à ARN messager ont une efficacité fantastique et ils sont très propres, en ayant réussi à faire rentrer directement l'ARN messager dans les cellules, sans recours à un vecteur comme l'adénovirus qui peut créer des réactions parasites."
Bruno Canard, directeur de recherche au CNRS.