
Ben Smith.
Après avoir baissé de 25% en 2020, la rémunération fixe de Ben Smith va revenir à la normale en 2021 (900.000 euros), selon le document d'enregistrement universel qui sera présenté aux actionnaires lors de la prochaine assemblée générale le 26 mai. Pour autant, un grain de sable pourrait perturber ce projet.
Grosse pression sur Ben Smith. Alors qu'une majorité de Parlementaires néerlandais s'élève contre la décision votée l'an dernier par les actionnaires d'Air France-KLM de lui verser en 2022 deux millions d'euros de "bonus long terme" au titre de 2019, un autre caillou vient se glisser dans la chaussure du directeur général du groupe.
Il s'agit d'un communiqué de presse publié il y a un an, le 23 avril 2020 exactement, qui peut remettre en cause le montant de sa rémunération fixe de 900 000 euros prévue cette année. Pourquoi ? Parce qu'après la baisse de 25% décidée l'an dernier, cette somme de 900 000 euros correspond aujourd'hui à un retour à la normale de la rémunération fixe alors qu'elle devrait rester, à la lecture du communiqué publié l'an dernier, amputée du quart de sa valeur.
En effet, quand Ben Smith a annoncé le 23 avril 2020 qu'il baissait sa rémunération fixe de 25% (et qu'il abandonnait par ailleurs sa rémunération variable annuelle), il précisait dans ce communiqué que la mesure s'appliquait "pendant la crise liée au Covid-19", et non pour la seule année 2020.
Négociations sur des baisses de rémunération des personnels.
Or, comme le pointent certains en interne chez Air France, "la crise liée au covid-19" est toujours aussi intense que l'an dernier. Air France-KLM a encore affiché une perte d'exploitation de 1,3 milliard d'euros au premier trimestre et la situation est telle que les personnels d'Air France sont toujours en activité partielle avec les baisses de salaire qui l'accompagnent et que la direction cherche par ailleurs à leur baisser leur 13ème mois.
Cette notion vague "liée à la crise Covid", qui pose de facto la question de sa durée, ne figure pas dans le document d'enregistrement universel. A la place, il est indiqué que la baisse de la rémunération fixe concernait la seule année 2020.
La rémunération variable annuelle de Ben Smith n'est pas concernée par cette ambiguïté. Contrairement à la rémunération fixe, le fameux communiqué de presse du 23 avril 2020 précisait bien que son abandon par Ben Smith valait pour la seule année 2020.
Pour 2021 les conditions d'obtention du bonus annuel sont précisées dans le document d'enregistrement universel, avec un montant pouvant représenter entre 0 à 122% de la rémunération fixe. Pour autant, un éventuel bonus a toutes les chances de passer à la trappe au regard des contreparties exigées par la Commission européenne pour valider la recapitalisation d'Air France par l'Etat français. Bruxelles exige en effet l'absence de versement des bonus des dirigeants tant que 75% des aides d'Etat perçues ne sont pas remboursées.
Interrogé, Air France-KLM n'a pas souhaité faire de commentaire.
La composition de la rémunération de Ben Smith.
Décidée en 2018 lors de son arrivée, la rémunération potentielle de Ben Smith s'élève à plus de 4 millions d'euros par an, dont 80% environ correspondent à une rémunération variable. Celle-ci est composée d'une rémunération variable annuelle pouvant s'élever à 122% (voire 150%) du montant de la rémunération fixe.
Et de deux plans de rémunération long terme donnant droit à l'attribution d'unités de performance de 1 million d'euros chacune. Ces dernières sont payables au bout de trois ans. Avec la crise et les suppressions des bonus des dirigeants exigée par Bruxelles en contrepartie de son feu vert à la recapitalisation du groupe, la rémunération de Ben Smith est appelée à diminuer fortement. F.G.