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Nucléaire : pourquoi la Chine veut se doter d'un réacteur au thorium


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Le réacteur de thorium à sels fondus et les mythes



Du thorium en abondance

Pékin a aussi opté pour rajouter du thorium plutôt que de l'uranium à son nouveau réacteur à sels fondus. Là encore, c'est une idée qui flotte dans l'air depuis longtemps. Le principal avantage, "c'est qu'il y a beaucoup plus de thorium que d'uranium dans la nature", souligne Francesco D'Auria, spécialiste des technologies de réacteurs nucléaires à l'université de Pise, contacté par France 24.

Cerise sur le gâteau, le thorium appartient à la célèbre famille des terres rares qui sont bien plus abondantes en Chine qu'ailleurs. Pékin pourrait ainsi accroître son indépendance énergétique par rapport aux grands pays exportateurs d'uranium comme le Canada ou l'Australie, deux pays avec lesquels la Chine n'entretient pas les meilleures relations diplomatiques.

C'est aussi un pari sur le plus long terme. "Pour l'instant, il y a suffisamment d'uranium pour alimenter tous les réacteurs en service. Mais si leur nombre augmente, on pourrait arriver à une situation où l'offre ne suivrait plus, et le recours au thorium permet de réduire drastiquement les besoins en uranium, ce qui en fait une filière potentiellement plus durable", explique Sylvain David.

Les partisans du thorium ajoutent que c'est aussi une solution plus "propre" car sa combustion ne crée pas du plutonium - un élément chimique très toxique -, contrairement à l'uranium utilisé à l'heure actuelle dans les centrales nucléaires, souligne la revue Nature.

Sur le papier, le mariage réacteur à sels fondus et thorium semble donc avoir tout bon. Si on n'y a pas eu recours plus tôt, "c'est essentiellement parce que l'uranium 235 était le candidat naturel pour les réacteurs nucléaires et que le marché n'a pas cherché beaucoup plus loin", assure Francesco D'Auria.