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Après la mort de Bernard Tapie, d'anciens salariés racontent : "Son fonctionnement était brutal"


Chez Testut, "il fonçait dans le tas, ce qui n'a pas plu à certains"

Bernard Tapie prend les commandes de Testut, une entreprise spécialisée dans le matériel de pesée, pour un franc symbolique, en 1983. Comme souvent, il impressionne. "Un personnage comme celui-là, qu'on l'aime ou pas, on ne peut qu'en être qu'admiratif. On se dit : 'Mince, si j'avais son bagout, je pourrais faire des choses extraordinaires'", se souvient Richard Attagnant, responsable syndical Force ouvrière chez Testut de 1977 à 2003. "En face-à-face, je l'ai vu retourner des gens qui le détestaient en arrivant", ajoute-t-il.

Mais les méthodes de Bernard Tapie créent de la crispation. "Il fonçait dans le tas, ce qui n'a pas plu à certains", relate Richard Attagnant. L'homme d'affaires pouvait aussi facilement se montrer "familier" ou "grossier" avec le personnel. Sur le front de l'emploi, des salariés sont licenciés dès l'année de son arrivée : 46 en mai, 56 en juillet, rappelait un député communiste en 1995, alors qu'il s'était engagé à maintenir les 300 emplois de Béthune (Pas-de-Calais) et à créer deux ateliers. Certains n'ont pas retrouvé d'emploi et en veulent toujours à Bernard Tapie, près de quarante ans après. "J'ai reçu des e-mails hargneux" après l'annonce de la mort de l'ancien ministre, relate Richard Attagnant.

En revanche, ceux qui avaient conservé leur poste ont écrit à l'ancien responsable syndical en étant plus mesurés. "Le premier mail que j'ai reçu disait : 'J'ai mal au cœur. Avec lui, au moins, on avait du travail et beaucoup de commandes', rapporte Richard Attagnant. J'ai même une opposante qui m'a écrit : 'Que de souvenirs de combats, bons et mauvais. Qu'il repose en paix'."

Testut est transféré au Consortium de réalisation du Crédit lyonnais en 1995. L'année suivante, Bernard Tapie est condamné pour "abus de biens sociaux" aux dépens de Testut. Il écope de deux ans de prison avec sursis, 45 735 euros d'amende et cinq ans d'interdiction de gérer une entreprise. En 1999, l'entreprise est cédée au groupe américano-suisse Mettler Toledo, numéro un mondial du pesage. Elle sera mise en liquidation quatre ans plus tard.