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Que devient la journaliste chinoise Zhang Zhan, qui avait filmé le coronavirus à Wuhan ?


Détenue depuis mai 2020 pour avoir filmé des images de la ville chinoise plongée en quarantaine, l'ancienne avocate est proche de la mort, selon sa famille. L'ONU et l'UE réclament sa libération.

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Zhang Zhan



Février 2020. Le Covid-19 ne circule pas encore en France. Les premiers cas seront détectés à la fin du mois, le 26. La Chine, elle, enregistre déjà plus d'un millier de morts. A Wuhan, la ville d'où est partie l'épidémie, 11 millions de personnes sont alors mises en quarantaine, coupées du monde.

Zhang Zhan, une ancienne avocate, décide de s'y rendre, pour filmer les couloirs d'un hôpital surchargé. Pour avoir témoigné de cette réalité, la journaliste citoyenne de 38 ans a été arrêtée en mai 2020, puis condamnée le 28 décembre de la même année à quatre ans de prison pour "provocation aux troubles à l'ordre public."

A l'issue d'un procès qui aura duré à peine trois heures, la journaliste a été accusée d'avoir "attisé des querelles et provoqué des troubles." Un motif fourre-tout, fréquemment invoqué par le pouvoir chinois à l'encontre des opposants politiques. 

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En guise de protestation, Zhang Zhan a entamé une grève de la faim en mai 2020. Très amaigrie, elle "risque de ne plus vivre très longtemps", a alerté la semaine dernière son frère, Zhang Ju, sur Twitter. "Elle ne passera peut-être pas l'hiver", a-t-il ajouté. L'ONU et l'Union européenne ont depuis réclamé sa libération. "Nous appelons les autorités chinoises à examiner la libération immédiate de Zhang, ne serait-ce que pour des raisons humanitaires", a déclaré dans un communiqué une porte-parole du Haut-commissariat, Marta Hurtado, vendredi. 

"La santé de Zhang Zhan se détériore. Elle a besoin d'un traitement médical urgent et d'un accès aux membres de sa famille et aux avocats de son choix", a exprimé ce mardi Nabila Massrali, porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. "L'UE appelle la Chine à se conformer à ses obligations internationales en matière de droits de l'homme et à sa libération immédiate et inconditionnelle", a-t-elle ajouté. 

"Faire pression sur le régime chinois"
Pékin, de son côté, reste muet. Le ministère chinois des Affaires étrangères, interrogé vendredi sur l'état de santé de l'ancienne avocate, n'a apporté aucune précision.

Pis, face aux demandes de libération exprimées par la communauté internationale, la Chine a jugé "irresponsables" et "erronés" les commentaires faits au sujet de Zhang Zhan. "La Chine est un état de droit", a seulement répondu vendredi Wang Wenbin, l'un des porte-parole du ministère des Affaires étrangères. "Toute personne qui enfreint la loi doit être punie", a-t-il tranché devant la presse. Selon lui, les appels à la libération de la journaliste ne sont qu'une "manipulation politique anti-chinoise."

La Chine est accusée d'avoir dissimulé des informations quant à l'origine du virus. En informant via des plateformes comme WeChat, Twitter ou YouTube, la journaliste citoyenne a été envoyée dans une prison de Shangai. Selon son avocat, elle souffre de douleurs à l'estomac et de vertiges.

Selon Amnesty International, les autorités l'ont "soumise à une alimentation forcée et l'ont immobilisé [par] des entraves aux pieds et aux mains 24 heures sur 24 heures entre juin et décembre" 2020. Des conditions de détention vivement dénoncées par les ONG.

"Nous appelons la communauté internationale à faire pression sur le régime chinois pour qu'il libère Zhang Zhan avant qu'il ne soit trop tard, a également plaidé Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l'Est à Reporters sans frontières (RSF). Elle n'a fait que son devoir de journaliste et n'aurait jamais dû être arrêtée, et encore moins condamnée à quatre ans de prison."