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Présidentielle 2022 : eric zemmour annonce sa candidature


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Eric Zemmour, le 19 novembre 2021, lors d'une conférence à Londres.



Après quelques semaines d'une précampagne agitée, le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour a officiellement annoncé sa candidature pour l'élection présidentielle de 2022, ce mardi midi, dans une vidéo en direct sur sa chaîne YouTube, intitulée « Il est temps d'agir », où il explique vouloir « sauver » la France.

https://twitter.com/ZemmourEric/status/ … 818493442?

« J'ai décidé de me présenter à l'élection présidentielle », a déclaré le polémiste dans une vidéo d'une dizaine de minutes, assis derrière un micro d'époque, mimant le parallèle avec l'appel du général de Gaulle du 18 juin 1940.

« Des exilés de l'Intérieur »
Sur le 2e mouvement de la 7e symphonie de Beethoven, dans une vidéo entrecoupée d'images de violences en France ou d'archives historiques, l'ancien éditorialiste a expliqué s'adresser aux Français qui « se sentent étrangers » dans leur « propre pays », « pour que nos filles ne soient pas voilées et que nos fils ne soient pas soumis ». « Vous n'avez pas déménagé et avez la sensation de ne plus être chez vous. (...) Vous êtes des exilés de l'Intérieur. Longtemps vous avez cru être le seul à voir et à entendre à penser à crins, vous avez eu peur de le dire, vous avez honte de vos impressions, longtemps, vous n'avez pas osé dire ce que vous voyiez et vous n'avez pas osé voir ce que vous voyiez », a-t-il déclaré, citant notamment Charles de Gaulle, Jeanne d'Arc, Louis XIV et Georges Brassens.

Le polémiste de 63 ans a renvoyé dos à dos les « bien-pensants », les « élites », les « journalistes », les « islamo-gauchistes » et les tenants de « la théorie du genre », estimant également que « la droite et la gauche » ont menti au peuple français : « Depuis des décennies, nos gouvernements de droite comme de gauche nous ont conduits sur ce chemin funeste du déclin et de la décadence ».

Le candidat a assuré avoir décidé « de prendre notre destin en main » pour « sauver » la France : « Je croyais qu'un politicien allait s'emparer du flambeau que je lui transmettais. Je me disais à chacun son métier, son rôle, son combat. Je suis revenu de cette illusion. Comme vous, je n'ai plus confiance et décidé de prendre notre destin en mains. J'ai compris qu'aucun politicien n'aurait le courage de sauver le pays du destin tragique qui l'attendait », a-t-il poursuivi. « Il n'est plus temps de réformer la France mais de la sauver », a-t-il conclu.

Concurrence pour LR et le RN
Le polémiste se rendra, ce mardi soir, au 20 heures de TF1, puis il tiendra son premier meeting de campagne dimanche après-midi au Zénith de Paris. La CGT, Solidaires et des militants antifascistes ont déjà promis une manifestation pour faire « taire Zemmour », à 13h dans la capitale. Condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale, Eric Zemmour se déclare au moment où les sondages se tassent autour de 14 à 15 % d'intentions de vote au premier tour, derrière le président sortant Emmanuel Macron (25 %) et la candidate du RN Marine Le Pen (entre 19 et 20 %). Et dans une période agitée pour son camp, où certains critiquent un déficit d'organisation ou l'omniprésence de sa conseillère Sarah Knafo.

En se déclarant mardi, le polémiste, qui ambitionne de rassembler les électeurs de droite et d'extrême droite, parasite le processus d'investiture en cours chez les LR qui départagent de mercredi à samedi leurs cinq prétendants. Ceux-ci doivent débattre une dernière fois à la télévision mardi soir, juste après le JT de 20 heures. Il embarrasse également sa rivale d'extrême droite Marine Le Pen (RN), qui a déploré mardi sur Sud Radio qu'il « disperse des voix utiles au redressement du pays ». « Il n'apporte rien », a-t-elle dit, en critiquant notamment la « brutalité » de ses mesures sur l'immigration ou sa vision des femmes. Elle considère qu'il n'a pas fait « sa mue » en candidat et espère qu'il la « recentre ».

Le défi du financement et des parrainages
Les partisans de Zemmour se targuent d'avoir déjà pesé sur les thématiques de la campagne, particulièrement sur la lutte contre l'immigration, le sujet numéro 1 du polémiste, associé à ses critiques de l'islam, une « civilisation » qu'il juge « incompatible avec les principes de la France ». Adepte de la théorie complotiste du « grand remplacement » de la population européenne par des immigrés non européens, sa mesure la plus controversée vise à obliger à porter un premier prénom d'origine étrangère. Les polémiques se sont multipliées durant sa précampagne.

Notamment quand Eric Zemmour a pointé un fusil vers des journalistes durant la visite d'un salon sur la sécurité ou s'est rendu devant le Bataclan, le jour de commémoration des attentats du 13-Novembre, pour accuser l'ancien président François Hollande de n'avoir « pas protégé les Français ». Ou quand il affirme, contre l'avis des historiens, que Pétain aurait « sauvé des juifs de France » pendant la Seconde Guerre mondiale. Jusque dans la couverture de son dernier ouvrage, « La France n'a pas dit son dernier mot », Eric Zemmour fait de l'ancien président américain Donald Trump une source d'inspiration, même s'il ne bénéficie pas du soutien d'un grand parti.

La constitution d'un réseau sur le terrain sera d'ailleurs l'un de ses nombreux défis, ne serait-ce que pour obtenir les 500 parrainages d'élus nécessaires à une candidature à la présidentielle. Son camp assure s'appuyer sur 250 à 300 promesses de parrainages. Il lui faudra aussi récolter des dons pour sa campagne, alors qu'il a déjà perdu le soutien du financier Charles Gave, qui lui a prêté 300.000 euros. Le polémiste est en outre accusé d'agressions sexuelles selon plusieurs témoignages de femmes recueillis par Mediapart. Mais aucune plainte n'a été annoncée contre lui.