September et July sont sœurs. Leur mère Sheela est photographe et les élève seule. September et July entretiennent une relation exclusive qui les met en marge des autres élèves de leur école. Leur mère décide de déménager au bord de l'océan dans la maison de ses beaux-parents.
Pour sa première réalisation, l'actrice Ariane Labed (que j'avais adorée dans Fidelio) a décidé d'adapter le roman Sisters de Daisy Johnson. Ariane Labed partage avec son conjoint Yórgos Lánthimos (The Lobster, Mise à mort du cerf sacré, Pauvres créatures) le goût de l'étrange et du dérangeant.
Car September & July n'est pas ce qu'on croit : la chronique façon Diabolo Menthe des années collégiennes de deux sœurs irréductiblement liées. September & July raconte autre chose. Mais on ne sait pas quoi.
La complicité qui unit les deux sœurs cache quelque chose de plus trouble. L'aînée September exerce sur la cadette July une emprise toxique. Elle s'exprime à travers les défis que September lance à sa sœur pour tester sa loyauté (le titre anglais original « September says » est inspiré du jeu enfantin Jacques a dit...). Au point qu'on en vient à se demander si, de tous les dangers qui menacent la fragile July, sujette aux crises de panique, September ne serait pas le plus grand.
[attention spoiler] Sans qu'on comprenne pourquoi, les filles quittent brutalement le collège et vont s'installer avec leur mère au bord de la mer. Le film change de rythme. L'image d'ailleurs change de format - comme Xavier Dolan l'a fait dans Mommy - passant d'un format carré 1:1 à un format 1:85. Ce changement de cadre restera inexpliqué jusqu'à la toute fin du film. Le switch est renversant et donne à tout le film une saveur qu'il n'avait pas.
Je ne sais pas ce qu'il vaut le mieux : l'ignorer et en être surpris, au risque d'avoir trouvé l'heure qui précède bien falote, ou au contraire l'attendre fiévreusement en essayant de le deviner.