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Cinq choses que tout le monde devrait savoir sur la perte de poids


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Souvent réduite à une affaire de volonté individuelle, la perte de poids est en réalité le résultat d'une combinaison complexe de facteurs biologiques, génétiques, environnementaux et sociaux. Derrière les régimes miracles et les injonctions à « mieux manger » ou « bouger plus » se cache une réalité scientifique plus subtile : notre corps résiste à l'amaigrissement, et les inégalités de conditions de vie pèsent lourd dans la balance. Cinq idées reçues méritent d'être déconstruites pour mieux comprendre ce que signifie vraiment « perdre du poids ».

La question de la perte de poids est omniprésente dans le débat public, où elle est souvent réduite à une question de volonté personnelle. Mais après près de quinze ans de recherche en santé et en nutrition, j'ai constaté que la problématique du poids n'était pas logée à la même enseigne que la majorité des autres enjeux de santé.

Les gens sont régulièrement rendus responsables de leur poids, alors que des éléments tangibles montrent que celui-ci résulte d'une combinaison complexe de facteurs génétiques, biologiques, environnementaux et socioéconomiques.

L'accès limité à des aliments sains et abordables, le manque de possibilités de faire de l'exercice physique, notamment dû à un manque de lieux appropriés, les journées de travail à rallonge et le stress chronique - tous plus fréquents, dans les zones défavorisées -, peuvent considérablement compliquer le maintien d'un poids de forme.

Voici cinq choses que j'aimerais que plus de gens comprennent au sujet de la perte de poids.

1. Cela va à l'encontre de notre biologie.

L'obésité est reconnue comme une priorité nationale en matière de santé en Angleterre depuis les années 1990, et de nombreuses politiques ont été mises en place pour y remédier. Pourtant, les taux d'obésité n'ont pas diminué - en France, la prévalence de l'excès de poids (incluant donc le surpoids et l'obésité) en 2020 était de 47,3 %, dont 17 % des sujets en situation d'obésité. Cela suggère que les approches actuelles, qui ont tendance à mettre l'accent sur la responsabilité individuelle, ne fonctionnent pas.

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Même lorsque les méthodes pour maigrir sont efficaces, les résultats ne sont souvent pas durables. Des études montrent que la plupart des personnes qui perdent du poids finissent par le reprendre, et que les chances pour une personne obèse d'atteindre et de maintenir un poids « normal » sont très faibles.

Cela s'explique en partie par le fait que notre corps réagit à sa façon lorsque nous perdons du poids, en vertu d'un mécanisme biologique ancré dans notre passé évolutif : il se rebiffe. Ce processus est appelé adaptation métabolique : lorsque nous réduisons notre apport calorique et perdons du poids, notre métabolisme ajuste sa dépense énergétique, et les hormones de la faim, comme la ghréline augmentent, nous incitant à manger davantage et à reprendre le poids perdu.

Cette réponse biologique avait tout son sens dans notre passé de chasseurs-cueilleurs, marqué par une alternance de périodes d'abondance et de famine. Mais aujourd'hui, dans un monde où les aliments ultra-transformés et riches en calories sont bon marché et accessibles, ces mêmes mécanismes favorisent au contraire la prise de poids, et empêchent de maigrir.

Si vous avez du mal à perdre du poids ou à le maintenir, ce n'est pas un échec personnel, mais une réponse physiologique prévisible.

2. Ce n'est pas une question de volonté.

Certaines personnes parviennent à maintenir leur poids avec une relative facilité, tandis que d'autres ont du mal. La différence n'est pas seulement une question de volonté.

Le poids corporel est déterminé par une multitude de facteurs. La génétique joue un rôle majeur, par exemple en influençant la vitesse à laquelle nous brûlons les calories, notre sensation de faim ou notre sentiment de satiété après avoir mangé. Certaines personnes sont génétiquement prédisposées à avoir plus faim ou à avoir envie d'aliments riches en énergie, ce qui rend la perte de poids encore plus difficile.

Les facteurs environnementaux et sociaux jouent également un rôle. Avoir du temps et des moyens financiers suffisants pour préparer des repas équilibrés, pratiquer une activité physique régulière, bien dormir, tout cela fait une réelle différence. Or ces ressources ne sont pas accessibles à tous.

En ignorant ces facteurs complexes et en considérant le poids uniquement comme une question de volonté, on alimente la stigmatisation. Pourtant celle-ci peut conduire les gens à se sentir jugés, honteux ou exclus, ce qui, paradoxalement, accroît le stress, diminue l'estime de soi et complique encore l'adoption d'habitudes saines.

3. Les calories ne font pas tout.

Compter les calories est souvent la stratégie par défaut pour maigrir. Et si créer un déficit calorique est théoriquement essentiel pour perdre du poids, dans la pratique, c'est beaucoup plus compliqué.

Pour commencer, les informations nutritionnelles sur les aliments ne sont que des estimations, et nos besoins énergétiques varient d'un jour à l'autre. Même la quantité d'énergie que nous absorbons à partir des aliments peut varier en fonction de la façon dont ils sont cuits, digérés et de la composition de nos bactéries intestinales.

Il existe également une idée tenace selon laquelle « une calorie est une calorie », mais notre corps ne traite pas toutes les calories de la même manière. Un biscuit et un œuf à la coque peuvent contenir un nombre de calories équivalent, mais ils ont des effets très différents sur notre faim, notre digestion et notre niveau d'énergie. Un biscuit peut provoquer une augmentation rapide du taux de sucre dans le sang, suivie d'une chute brutale, tandis qu'un œuf procure une sensation de satiété (rassasiement) plus durable et une valeur nutritionnelle plus élevée.

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Ces idées fausses ont contribué à la popularité des régimes à la mode, tels que les régimes à base de shakes (boissons protéinées) ou ceux qui éliminent entièrement certains groupes alimentaires. Bien qu'ils puissent entraîner une perte de poids à court terme en créant un déficit calorique, ces régimes sont rarement durables et présentent souvent des carences en nutriments essentiels.

Une approche plus réaliste et équilibrée consiste à se concentrer sur des changements à long terme : manger plus d'aliments complets, réduire les repas à emporter, diminuer la consommation d'alcool et adopter des habitudes favorables au bien-être général.

4. L'exercice physique est excellent pour la santé, mais pas nécessairement pour perdre du poids.

Beaucoup de gens pensent que plus ils font d'exercice, plus ils perdent du poids. Mais la science nous montre que la réalité est plus complexe.

Notre corps est très doué pour conserver son énergie. Après une séance d'entraînement intense, nous pouvons inconsciemment bouger moins pendant le reste de la journée, ou avoir plus faim et manger davantage, ce qui compense les calories brûlées.

En fait, des recherches montrent que la dépense énergétique quotidienne totale n'augmente pas avec l'augmentation de l'activité physique. Au contraire, le corps s'adapte en devenant plus efficace et en réduisant sa consommation d'énergie ailleurs, ce qui rend la perte de poids par le seul biais de l'exercice plus difficile que beaucoup ne le pensent.

Cela dit, l'exercice physique offre tout de même une multitude d'avantages : il améliore la santé cardiovasculaire, le bien-être mental, maintient la masse musculaire, renforce le métabolisme, consolide les os et réduit le risque de maladies chroniques.

Même si le chiffre sur la balance ne diminue pas, l'activité physique reste l'un des outils les plus puissants pour améliorer notre santé et notre qualité de vie.

5. L'amélioration de la santé ne passe pas toujours par la perte de poids.

Il n'est pas nécessaire de perdre du poids pour être en meilleure santé.

Si une perte de poids volontaire peut réduire le risque de maladies, telles que les maladies cardiaques et certains cancers, des études montrent également qu'une alimentation de meilleure qualité et le fait de bouger plus peuvent améliorer considérablement les indicateurs de santé, tels que le cholestérol, la tension artérielle, la glycémie et la sensibilité à l'insuline, même si votre poids reste le même.

Si la balance ne reflète pas de changement significatif, il peut être préférable d'adopter une autre approche. Plutôt que de se focaliser sur un chiffre, on peut choisir une approche plus globale : une alimentation adaptée, une activité physique régulière et agréable, une attention à la qualité du sommeil et une meilleure gestion du stress.

Le poids n'est qu'une pièce du puzzle, et la santé est bien plus que cela.