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Un milliard de personnes souffrent déjà d'apnée du sommeil. La hausse des températures pourrait faire exploser les cas et coûter des dizaines de milliards d'euros à l'économie mondiale.
Nos nuits pourraient devenir un nouveau front de la crise climatique. Selon une vaste étude menée par des chercheurs de l'Université Flinders en Australie, la hausse des températures ambiantes est liée à une augmentation significative de la sévérité de l'apnée obstructive du sommeil (AOS). Les résultats sont sans appel: les nuits plus chaudes augmenteraient de 45% la probabilité de faire une crise d'apnée. À terme, cette pathologie pourrait doubler d'ici à 2100, avertissent les scientifiques.
L'auteur principal de l'étude, Bastien Lechat, chercheur associé à l'Adelaide Institute for Sleep Health, explique: «Nous avons été surpris par l'ampleur de l'association entre température ambiante et gravité de l'AOS.» Les scientifiques ont analysé les données de sommeil de 116.620 personnes à travers le monde, rapporte le média en ligne New Atlas, grâce à un capteur intégré dans leur matelas. Ce dernier a permis de collecter environ 500 nuits de données par personne, croisées ensuite avec des informations de température issues de modèles climatiques.
Le constat est d'autant plus préoccupant que près d'un milliard de personnes souffrent déjà d'apnée du sommeil dans le monde. Cette pathologie ne se limite pas à la fatigue diurne, ce besoin parfois incontrôlable de dormir en journée. Elle augmente aussi le risque d'hypertension, d'AVC, de crise cardiaque, mais également de troubles comme la dépression, la maladie de Parkinson ou la démence. La hausse de la prévalence liée au climat a déjà un coût: environ 800.000 années de vie en bonne santé ont été perdues en 2023 dans les vingt-neuf pays étudiés à cause du réchauffement climatique.
Des différences régionales notables ont été observées, précise Bastien Lechat: «Les pays européens voient une augmentation plus marquée des cas d'AOS lorsque les températures montent.» Les populations des zones à faibles revenus seraient plus exposées, faute de moyens pour se protéger efficacement de la chaleur la nuit.
Une bombe à retardement.
Au-delà de l'impact sanitaire, les chercheurs tirent la sonnette d'alarme sur le poids économique de cette tendance. Les pertes mondiales liées à la productivité diminuée par l'AOS atteindraient déjà 30 milliards de dollars, tandis que celles liées au bien-être s'élèveraient à 68 milliards de dollars. Le professeur Danny Eckert, coauteur de l'étude, avertit que ce fardeau pourrait être largement sous-estimé puisque leurs données sont biaisées en faveur de pays riches où les conditions de sommeil sont meilleures.
Face à ces chiffres, les scientifiques appellent à une réponse urgente: mieux diagnostiquer les cas d'AOS, mais aussi garantir à toutes et tous des conditions de sommeil dignes. «Des taux plus élevés de diagnostic et de traitement nous aideront à gérer et réduire les problèmes de santé et de productivité causés par l'AOS liée au climat», souligne Eckert. Une attention particulière doit aussi être portée aux mécanismes physiologiques qui relient la chaleur aux troubles du sommeil.
En mai, une autre étude menée en Chine sur plus de 200.000 personnes établissait que l'augmentation des températures nocturnes aurait un impact mental, physique et économique massif. Les chercheurs australiens soulignent que malgré les limites de leur étude, notamment la difficulté à capter fidèlement la température ressentie dans chaque environnement de sommeil, leurs résultats appellent à un sursaut immédiat.
«Sans un changement de politique substantiellement plus important pour ralentir le réchauffement climatique, les fardeaux sanitaires et économiques associés à l'AOS pourraient doubler d'ici 2100», conclut l'étude. Une urgence invisible, amplifiée par la chaleur, qui pourrait bientôt toucher encore davantage nos nuits.
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