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El Roslino
Une nouvelle crise grave secoue Air France. Après la grève des pilotes de 2014 qui aura couté plus de 400 millions d'euros, cette nouvelle séquence (qui lui coutera sans doute plus de 350 millions €) démontre à tout le moins la difficulté de stabiliser le dialogue social dans cette entreprise.
La vraie cause des crises chez Air France : l'incompatibilité de son quasi-statut d'entreprise publique face aux défis mondiaux de la concurrence.
Une nouvelle crise grave secoue Air France. Après la grève des pilotes de 2014 qui aura couté plus de 400 millions d'euros, cette nouvelle séquence (qui lui coutera sans doute plus de 350 millions EUR) démontre à tout le moins la difficulté de stabiliser le dialogue social dans cette entreprise.
Au-delà de l'enjeu tactique du référendum qui donnera sans doute satisfaction à la direction, quelles sont les causes profondes de ce malaise qui dure depuis plusieurs années ?
Soyons justes : toutes les compagnies du monde affrontent, sporadiquement, des conflits sociaux (Vueling, fililale low-cost du groupe IAG/British Airways, connaît en ce moment même une grève de ses pilotes, et le groupe Lufthansa sort d'une longue séquence de conflits salariaux avec son syndicat de pilotes "Cockpit".
La plupart de ces conflits résultent de l'affrontement pilotes-direction, les syndicats de pilotes du monde entier connaissant bien l'adage : "pas de pilote, pas de compagnie".
La situation de la compagnie Air France au sein d'un groupe Air France-KLM (où KLM contribue à deux tiers des résultats pour environ un tiers de l'activité) est cependant particulière : une exception culturelle ?
Depuis plusieurs années les directions successives se désespèrent de l'incapacité des syndicats à mesurer la réalité et la profondeur des causes de non-compétitivité de leur compagnie, ne trouvant comme seul point de convergence que le niveau des charges et taxes spécifiques pesant en France sur le transport aérien.
Des syndicats (et des personnels) qui se désespèrent de l'incompréhension de leur direction devant des revendications qu'ils estiment légitimes après des années de plan de réduction des couts et de départs volontaires.
La réalité est que les bons résultats du groupe en 2017 résultent certes, au-delà de la contribution exceptionnelle de KLM et de la maintenance pour compte de tiers, en partie de ces efforts, mais avant tout d'un couple favorable croissance du trafic de l'aérien (6 % par an) et de baisse significative (-50 %), du cours du carburant (en cours de retournement d'ailleurs).
Les accusations réciproques d'absence de volonté de construire un véritable dialogue social ne règlent rien et l'invitation stratégique à "se faire confiance" ("plan Trust Together") n'est visiblement pas entendue.
Et si la cause réelle de cette impasse qui mène inéluctablement cette grande compagnie mondiale non compétitive au déclin et, si rien n'est fait, à sa disparition résidait dans le modèle actionnarial et la gouvernance de cette compagnie ?
La discrète présence de l'État qui joue de facto le rôle d'actionnaire de référence avec ses 15 % du capital du groupe côté AF-KLM, outre le fait qu'elle entretient chez beaucoup de salariés le secret espoir, l'illusion d'une immortalité naturelle propre aux entreprises publiques, emporte des conséquences encore plus graves pour Air France : la vision d'une entreprise par essence confrontée aux défis du "grand large" et de la compétition mondiale semble passer derrière celle de son statut de "compagnie nationale", d'une activité où la souveraineté nationale aurait priorité sur celle du marché.
À l'heure où un nouveau président de la République fait souffler un vent nouveau sur notre pays, où la vérité des conséquences des choix d'ouverture des frontières et de libéralisme social n'est plus un gros mot, le sort d'Air France attend une décision majeure ; celle qui mettra sa structure actionnariale et sa gouvernance en cohérence avec les défis qu'il lui est demandé d'affronter.
Cette réforme s'inscrirait naturellement dans le contexte du futur nouvel "objet social" de la Société visant à sacraliser le respect ontologique des "parties prenantes" de l'entreprise : les actionnaires, les salariés, les fournisseurs et l'environnement.
L'introduction d'un nouvel actionnaire de référence conduirait naturellement à la nécessaire proposition d'un projet stratégique ambitieux, créateur de valeur pour les actionnaires, et alignant les intérêts des parties prenantes, au premier rang desquelles les salariés.
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