Confronté aux mauvais résultats du constructeur automobile et rattrapé par un scandale sur sa rémunération, Hiroto Saikawa, le patron de Nissan, démissionnera le lundi 16 septembre. Son successeur sera désigné avant la fin octobre.

Le « Brutus » de Carlos Ghosn est tombé. Hiroto Saikawa, directeur général exécutif de Nissan, va démissionner le 16 septembre, a annoncé, ce lundi, le constructeur automobile japonais. Son successeur sera désigné avant la fin du mois d'octobre.

Les conclusions de l'audit interne ont confirmé ce que des médias japonais indiquaient depuis plusieurs jours : en 2013, Hiroto Saikawa a délibérément fait en sorte que ses primes liées à la hausse de l'action Nissan, soient gonflées. Cette hausse, pas « illégale » mais « contraire aux règles » internes, avait gonflé sa prime de 400 000 € environ.

Directeur général depuis 2017.

Réputé discret, Hiroto Saikawa, 65 ans, était directeur général de Nissan depuis 2017, quand Carlos Ghosn, auprès duquel il a fait toute sa carrière, lui avait cédé les commandes exécutives du groupe.

Mais, après l'arrestation et l'inculpation de ce dernier, en novembre, Hiroto Saikawa n'avait eu de mots assez durs envers son ancien mentor, pointant les « dérives » d'un « long règne ». Le patron de Nissan se disait alors « indigné », « déçu ».

Carlos Ghosn dénonce quant à lui un « complot » fomenté par son ancien protégé opposé à son projet d'intégration Renault-Nissan-Mitsubishi. Toujours d'après Carlos Ghosn, Hiroto Saikawa aurait également voulu sauver sa propre tête. Deux mois avant son arrestation, Ghosn affirme l'avoir menacé de l'évincer en raison de ses mauvais résultats.

Un dur à cuire.

En interne, Saikawa a la réputation d'un homme strict, un dur à cuire. « Certains l'adorent, d'autres le détestent », confiait à Reuters un membre de la direction.

Mais Saikawa, un traître ? Pas si simple, estiment certains observateurs. L'homme - que l'on croyait plutôt intègre jusqu'à présent - n'aurait même pas été prévenu du déclenchement de l'enquête interne de Nissan sur les malversations présumées de Carlos Ghosn.

Selon Challenges, certains « proches » du dossier affirment que les théories d'un complot sont « fausses ». Hiroto Saikawa aurait été mis « devant le fait accompli », une fois l'enquête terminée.

Depuis, il n'aurait eu de cesse de sauver les meubles et de calmer la tempête qui s'est abattue sur Nissan. En vain.

Situation alarmante.

Depuis plusieurs mois, les jours d'Hiroto Saikawa semblaient comptés à la tête de Nissan : certains actionnaires réclamaient son départ en raison d'une situation devenue alarmante. Face à une chute vertigineuse de ses bénéfices en début d'année, Nissan a annoncé, en juillet, la suppression de 12 500 postes.

Nissan n'est plus aujourd'hui que le 6ème constructeur au Japon, derrière Daihatsu.