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Message 1 Discussion postée le 12-04-2020 à 19:25:29

El Roslino
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Au quatrième jour, les négociations pour réduire la production de pétrole continuent

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Les dizaines d'heures de négociations, au sein de l'Opep+ le 9 avril puis du G20 Energie le 10 avril, n'ont débouché sur aucun accord chiffré de réduction de la production de pétrole, en grave surplus depuis l'effondrement de la demande lié à la pandémie de Covid-19. Le 11 avril, les négociations se poursuivent.

Comme une série à rebondissements, le monde du pétrole suit depuis jeudi 9 avril à 16h les discussions en cours sur des coupes potentiellement historiques de la production de pétrole. Après deux longues nuits et deux journées tout aussi longues, les pays producteurs cherchent encore une solution.

En fin d'après-midi, le 9 avril, démarrait la réunion en visioconférence de l'Opep +, réunissant les 13 membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) dont trois - l'Iran, le Venezuela et la Libye - sont exemptés de réduction compte tenu de leur faible production par rapport à leur capacité historique, et 10 pays partenaires dont le chef de file est la Russie, deuxième producteur mondial de pétrole derrière les Etats-Unis.

La réunion a démarré, vers 16 heures, sur une note d'espoir, suscité par l'engagement de l'Arabie saoudite et de la Russie en faveur de coupes drastiques (15 à 16 millions de barils par jour sur une production mondiale proche de 100 Mbj). Les deux chefs de file de l'Opep et du groupe de pays partenaires faisaient là un discret mea culpa, après avoir lancé, chacun à sa façon, la guerre des prix qui a fait s'effondrer les cours du pétrole au lendemain de la réunion de l'Opep+ le 6 mars.

La Russie avait alors claqué la porte, et le niet russe provoqué l'ire de l'Arabie saoudite qui avait immédiatement promis d'inonder le monde de pétrole à bas prix. Ce qu'elle a fait, en rehaussant sa production, d'un peu plus de 10 millions de barils en mars à plus de 12 début avril.

En à peine deux heures, l'enthousiasme né de ce début de réunion encourageant a été tempéré par la réticence des plus petits producteurs, aux économies plus fragiles et sur lesquels l'impact d'une baisse de la rente pétrolière est trop important.

L'espoir a tourné à la déception, lorsque dans la soirée les coupes proposées sont retombées à 10 Mbj (plus exactement, un quota de réduction de 23% de la production de chacun des membres de l'accord en octobre 2018). Les observateurs se remontaient le moral en soulignant combien cette réduction était historique, à plus de trois fois le volume soustrait du marché lors des accords précédents.

Le cliffhanger mexicain.

L'inquiétude est montée, en fin de soirée, lorsque le Kazakhstan, Brunei et le Mexique ont contesté le choix du mois d'octobre 2018 comme période de référence, acceptée par presque tous les membres du groupe Opep+.

Puis tout le monde y a cru, en fin de soirée, lorsque les ministres de l'énergie du Kazakhstan et de Brunei, après consultation de leurs gouvernements respectifs, ont rejoint les rangs de l'accord.

A ce stade, on attendait le communiqué final de l'Opep+ annonçant des coupes sans précédent pour participer à rééquilibrer le marché pétrolier.

La nuit était bien avancée lorsque l'attente ensommeillée a laissé la place à la sidération. La ministre mexicaine de l'Energie, Rocio Nahle, a quitté la table des négociations, rendant impossible la finalisation d'un accord. Mexico, refusant de réduire sa production de 400 000 barils, n'en concèderait que 100 000. Point final.

A l'aube, l'Opep+ préparait un communiqué mentionnant un accord pour réduire la production de ses membres de 10 Mbj en mai et juin, réduite à une baisse de 8 Mbj entre juillet et décembre puis à 6 Mbj en 2021. Ce communiqué ne sera jamais publié, mais remplacé par un communiqué sur un accord provisoire, suspendu à la participation du Mexique.

Un G20 pour rien.

Le 10 avril au matin, après quelques heures de sommeil, les négociations reprenaient en amont du G20 Energie, qui devait réunir l'après-midi les ministres de l'Energie des 20 premières économies mondiales. Dont le Mexique.

Après de multiples appels entre présidents qui ont mobilisé les téléphones rouges sur tous les continents ou presque, le G20 Energie s'ouvrait peu après 15 heures sur une proposition. Le Mexique ne réduirait effectivement sa production que de 100 000 barils par jour, les Etats-Unis prenant à leur charge 250 000 barils supplémentaires de réduction pour compenser. A charge de revanche. Une nouvelle fois, le monde du pétrole y a cru. Des coupes sans précédent allaient être annoncées...

Mais le président américain Donald Trump, en confirmant cet accord dévoilé par le Mexique, avait oublié un détail, qui n'en était pas un pour la Russie et l'Arabie saoudite.

Ne disposant pas de compagnie nationale,  les Etats-Unis n'ont aucun moyen d'imposer aux centaines de producteurs privés une quelconque baisse de production. Et ces producteurs privés, en participant ou en se faisant représenter à une discussion sur une réduction coordonnée de la production, contreviendraient à la sévère réglementation anticartel américaine.

Plusieurs pays producteurs, dont l'Irak, faisaient valoir à nouveau que cet effort mondial de réduction de la production - et des revenus qui vont avec - ne pouvait se faire sans participation du premier producteur mondial de pétrole.

Un autre frein empêchait ce bricolage. L'Arabie saoudite, chef de file de l'Opep avec sa production de 12 millions de barils par jour, est intraitable sur l'égalité des taux de réduction.

Sauf guerre ou embargo, les Etats membres doivent s'engager sur une base commune de baisse de production. C'est à cette condition que Riyad compense, souvent, les manquements des uns et des autres en réduisant sa propre production au-delà des quotas imposés. Pas de passe-droit, donc, pour le Mexique.

Bref, le G20 énergie du 10 avril est un échec, malgré une deuxième nuit sans sommeil pour tous les acteurs mondiaux du pétrole situés dans un mauvais fuseau horaire. La réunion se conclut sur un communiqué tiède, soulignant que les participants "s'engagent à s'assurer que le secteur de l'énergie continue à contribuer résolument à combattre le Covid-19 et à alimenter la reprise économique".

Ils s'engagent également "à prendre toutes les mesures nécessaires pour maintenir l'équilibre entre les intérêts des producteurs et les consommateurs, la sécurité de nos systèmes énergétiques et la fourniture ininterrompue d'énergie." De chiffres sur une réduction de production, point.

En revanche, ils affirment "travailler ensemble pour développer des réponses politiques collaboratives, pour maintenir l'équilibre sur les marchés de toutes les sources d'énergie en tenant compte des circonstances particulières dans tous les pays." Un "groupe Focus court-terme" ouvert aux volontaires est formé, qui aura pour tâche de "monitorer les mesures de réponse".

L'Opep+ espère encore finaliser son accord le 12 avril.

Si le G20 des ministres de l'énergie n'était pas le bon cadre, nombre de pays producteurs restent convaincus, le 11 avril, de l'urgence de prendre des mesures pour éviter que ne pétrole ne vaille vraiment plus rien. Signe que les négociations continuent, la compagnie nationale saoudienne Aramco a suspendu la publication du prix officiel de son pétrole pour le mois de mai, qui n'est toujours pas disponible le 12 avril. Celui-ci sera plus élevé en cas d'accord que si perdure la guerre des prix.

Dans la journée, l'Opep+ essaie encore de convaincre le Mexique de valider sa proposition d'accord. Les réductions seraient de 23% sur une production de référence fixée à octobre 2018, sauf pour l'Arabie saoudite et la Russie dont la base serait lissée à 11 Mbj. Les deux pays ne produiraient plus, en mai et juin, que 8,492 Mbj. Mais l'accord reste bloqué par les 300 000 barils auxquels le Mexique, deuxième producteur du groupe Opep+ derrière la Russie avec 1,753 Mbj, refuse de renoncer.

Pourquoi le Mexique résiste autant ?

Plusieurs commentaires évoquent une couverture adroite des ventes de Pemex, la compagnie nationale mexicaines, sur les marchés. Vendant une partie de son pétrole à 49 dollars le baril, le pays d'Amérique centrale souffrirait moins que d'autres, pour l'instant, de la chute des cours.

Mais aucune compagnie ne couvre l'ensemble de sa production. Selon Bloomberg, la stratégie de hedging de Pemex serait doublée, au niveau de l'Etat, d'un important investissement public dans des options "put" à Wall Street. Une sorte d'assurance au coût élevé, qui lui permet de déclencher des droits de vente de son pétrole bien au-dessus du prix de marché, et de protéger ainsi l'équilibre de son budget.

Plus prosaïquement, le Mexique essaie actuellement de relancer sa production, qui a décliné de plus d'un tiers depuis le début des années 2000. Et s'il voudrait soutenir, même modestement, l'accord Opep+, c'est parce que 30% de sa production n'est plus rentable en-dessous de 35 dollars le baril de Brent, affirme Welligence Energy Analytics.

D'autres pays producteurs (non membres du groupe Opep+), dont la Norvège et le Brésil, planchent sur des propositions de réduction de leur production une fois l'accord Opep+ signé. L'Association des producteurs de pétrole africains (APPO) a, elle aussi, pris l'engagement d'opérer des coupes de production en cas de finalisation de l'accord Opep+ (dont elle n'est pas membre).

"Les détails des coupes de production seront transmis au secrétariat de l'Opep dès que possible", précise le ministre du Pétrole du Niger, Foumakoye Gado, président du Conseil des ministres de l'APPO, dans un courrier le 11 avril. Le 12 avril, l'espoir de coupes cumulées bien supérieures à 15 Mbj flotte encore sur le monde du pétrole, qui espère une finalisation de l'accord avant la réouverture des marchés, le 13 avril.

 

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