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El Roslino
Accusés d'avoir sous-estimé le vote Trump en 2016, les instituts de sondages américains ont changé leurs méthodologies. Peut-on se fier à leurs chiffres ?
C'est quelque chose qui revient dans la bouche de presque tous les supporteurs de Donald Trump : il existerait, comme en 2016, un « vote caché » pour le président américain. « Il y a encore beaucoup de personnes qui n'osent pas dire qu'elles votent pour le président, par peur de représailles », assure Milo Car, un électeur trumpiste rencontré en Pennsylvanie, un « swing state » (État pivot) crucial dans la course à la Maison-Blanche. Il a récemment lu sur les réseaux sociaux un message d'une supportrice du président américain encourageant les républicains à se faire passer pour des démocrates auprès des sondeurs.
Quatre ans après avoir essuyé de vives critiques pour avoir sous-estimé le vote Trump, les instituts de sondages sont confrontés aux mêmes interrogations, alors que Joe Biden est donné vainqueur dans les enquêtes nationales et dans plusieurs swing states... tout comme Hillary Clinton en 2016.
« Nous avons peur d'un nouveau raté », reconnaît Daron Shaw, professeur à l'université du Texas et codirecteur du Fox News Poll, un sondage réalisé pour le compte de la chaîne câblée Fox News. Pour éviter une nouvelle surprise, les sondeurs ont modifié leur approche. Daron Shaw indique, par exemple, qu'en plus de demander aux sondés pour qui ils ont voté en 2016, ils sont interrogés sur « comment ils pensent que les gens autour d'eux voteront ».
« Trump obtient de meilleurs résultats quand nous posons cette question, car cela allège la pression sur leurs épaules et ils reconnaissent plus facilement qu'ils voteront pour lui, poursuit-il. Est-ce que cela va éliminer la sous-représentation du vote Trump ? Peut-être pas, mais j'ai plus confiance dans la qualité des sondages cette année. »
Un « mauvais signe » pour les démocrates.
Certains instituts de sondages ont indiqué qu'ils accordaient désormais plus de poids dans leurs calculs au niveau de l'éducation, un facteur qui a émergé en 2016 comme un déterminant du vote. Les électeurs blancs faiblement diplômés, traditionnellement difficiles à joindre par les sondeurs, avaient largement voté pour Donald Trump il y a quatre ans.
Les enquêteurs prennent également davantage en compte le lieu de résidence des sondés pour donner une image plus fidèle des opinions en milieu rural et diversifient les méthodes de prises de contact. Ils privilégient l'e-mail et les téléphones portables plutôt que les téléphones fixes, en se basant sur les données des listes électorales, où figure notamment l'affiliation politique (démocrate, républicain, indépendant), pour avoir des échantillons plus représentatifs.
John Zogby, un vétéran des enquêtes d'opinion aux États-Unis, ne croit pas en la théorie du « vote caché » ou de « l'électeur timide », ni à de quelconques tentatives de manipulation de la part des supporteurs du président américain. « Nous travaillons sur des échantillons de plusieurs centaines de personnes que nous contactons de manière aléatoire parmi des listes électorales de dizaines de millions de noms. Il est difficile de se jouer du système », dit-il.
En revanche, les démocrates devraient s'inquiéter, selon lui, de l'augmentation des inscriptions de dernière minute d'électeurs républicains sur les listes électorales de plusieurs swing states. En Floride, en Pennsylvanie et en Caroline du Nord notamment, le rythme des inscriptions de républicains a dépassé celui des démocrates ces dernières semaines ou derniers mois, permettant au parti de Donald Trump de réduire son retard sur la gauche.
En Floride, l'écart a été ramené à 134 000 inscrits, son plus bas niveau en trente ans, en raison des moyens déployés par le Parti républicain pour faire du porte-à-porte, malgré le Covid. « Les gens qui s'inscrivent sur les listes aussi tard dans le processus électoral vont aller voter. C'est une certitude. C'est un mauvais signe pour les démocrates. »
Parmi les électeurs qui voteront de manière anticipée, avant le 3 novembre, Biden a un avantage de seize points, mais parmi ceux qui voteront le 3, Donald Trump a une avance de 18 points. Cela sera-t-il suffisant pour contrebalancer la vague bleue attendue ?
Candidate démocrate pour le Sénat de Pennsylvanie dans une circonscription qui comprend Luzerne County, un comté ouvrier historiquement démocrate remporté par Trump, Michelle Siegel aussi est convaincue qu'un vote caché persiste, malgré la présence de nombreuses pancartes Trump 2020 plantées dans les pelouses ou accrochées aux maisons.
« Nous devons être prêts et ne pas nous fier aux sondages qui sont favorables à Joe Biden, explique-t-elle en marge d'un forum citoyen organisé dans la ville de Wilkes-Barre, le chef-lieu du comté. Le combat dure jusqu'à la fermeture des bureaux de vote. »
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