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97 % des Français se disent agacés par le démarchage téléphonique. Bonne nouvelle, cette pratique devrait cesser d'ici l'été 2026, le temps que la loi entre en vigueur. Derrière cette technique commerciale bien rodée, il y a toute une industrie.
Comme des millions de Français, et peut-être même comme vous, Guillaume Varanda s'agace à chaque fois qu'il consulte son historique d'appels. Dix fois, vingt fois chaque semaine, ce père de famille est appelé par des démarcheurs téléphoniques : "J'ai eu les pompes à chaleur en ce moment. J'ai eu VMC. L'isolation, c'est le gros truc. C'est fatigant. Le problème, c'est que tout ça vient se glisser dans des potentiels vrais coups de fil."
Ces appels intempestifs prennent tant de place dans son quotidien que Guillaume Varanda a décidé d'en faire des vidéos sarcastiques. Comme lui, ils sont des dizaines sur les réseaux sociaux à exprimer leur ras-le-bol du démarchage téléphonique. 97 % des Français disent être importunés par ces coups de fil qu'ils n'ont pas réclamés et qui sont quasi impossibles à éviter.
Interdiction en France.
Le dispositif Bloctel, censé filtrer les appels, s'est montré peu efficace. Alors, l'été prochain, la France va purement et simplement interdire le démarchage téléphonique. "Il faudra qu'il y ait des poursuites, il faudra qu'il y ait des sanctions. Là, il y aura un principe qui est le même dans tous les domaines. Le démarchage téléphonique commercial est interdit, sauf si on a donné son consentement", détaille Delphine Batho, députée Génération Écologie.
Le durcissement de la loi française résonne comme un coup de tonnerre de l'autre côté de la Méditerranée. Au Maroc, le marché hexagonal représente 80 % de l'activité des centres d'appels. Et le sujet est sensible. À Casablanca, parmi toutes les entreprises que nous avons contactées, une seule a accepté de nous recevoir. Chez Intelsia, pour un salaire de base de 400 euros mensuels, des téléopérateurs vous guident en cas de panne de vos appareils informatiques, ou cherchent à vous vendre un abonnement téléphonique, voire un prêt immobilier. Lorsque les clients sont appelés au hasard, entre 1 et 5 appels sur 100 seulement aboutissent à une vente.
Du démarchage téléphonique que Saad Berrada, responsable du groupe, appelle de la conquête. Il assure limiter au maximum la fréquence des appels : "Il y a des règles d'appel. Au bout d'un certain nombre de tentatives, ça ne sert à rien, c'est juste un appel perdu. En général, on fait 4-5 tentatives d'une manière générale."
10 000 emplois à risque.
La future loi française sur le démarchage téléphonique était ici redoutée depuis plusieurs années. Pour le PDG d'Intelsia, Youssef El Aoufir, le secteur qui emploie 100 000 personnes au Maroc doit s'attendre à licencier du personnel : "Il y a des chiffres qui ont circulé, qui parlaient de 10 %, 15 %. Donc en gros, c'est à peu près 10 000 emplois qui pourraient disparaître, qui sont à risque." Une possible casse sociale en perspective, alors que le secteur est déjà fragilisé par l'explosion de l'intelligence artificielle et les difficultés économiques.
Certains centres d'appels viennent même de mettre la clé sous la porte, parfois brutalement. Début mai, en l'espace de quelques jours, les bureaux d'un call center ont été soudainement vidés. Depuis, le gérant, un Français, ne donne plus de nouvelles et les employés restent à la porte. "On s'est fait avoir, finalement, par des personnes avec qui on travaillait depuis 15 ans, en qui on avait confiance", déplore Cheikh Diao, ex-employé du centre d'appels.
Ici, 60 employés ont perdu leur emploi. Mais avec la prochaine interdiction du démarchage en France, les syndicats marocains craignent que des cas similaires se multiplient dans les mois à venir.



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