Que valent les pastilles d'hydratation vendues en magasin, sur internet ou pharmacie ? Ces comprimés sont censés nous aider à boire "plus" et "mieux". Une efficacité remise en question par des études scientifiques.

Waterdrop, Hydratis, Solid Drinks, Hydrology... Plusieurs marques se sont lancées sur le marché de l'hydratation "optimale". Avec des slogans comme "drink more water" (buvez plus d'eau) ;"Fini l'eau fade" ou encore "Nos pastilles multiplient l'hydratation". Ces marques proposent des comprimés effervescents à faire fondre dans l'eau pour l'aromatiser et l'enrichir en sels minéraux.

Depuis des mois, ces comprimés d'hydratation se sont fait une place dans les magasins de sport, dans certaines pharmacies ou enseignes spécialisées. Les fabricants de ces pastilles utilisent tous à peu près le même discours : "Pour notre santé et pour couvrir nos besoins en minéraux, il est important de boire correctement. Avec de l'eau pure, on n'y arriverait pas toujours".

À la sortie d'une de ces boutiques installée dans une gare parisienne, Delphine s'est laissée tenter par la dégustation d'une boisson d'hydratation, juste avant de prendre son train. "Je trouve qu'il y a des saveurs qui sont intéressantes", avoue Delphine. Selon elle, cela peut inciter à boire davantage. "En fait, avoue-t-elle, je pense plus à mon mari, parce qu'il n'est pas toujours convaincu de la nécessité de boire régulièrement dans la journée".

Sur internet, des influenceurs vantent les mérites des électrolytes, ces sels minéraux contenus dans les pastilles pour en justifier l'achat, notamment quand on fait du sport. "Saviez-vous qu'une hydratation efficace est intimement liée aux électrolytes ? Dans l'eau minérale, il n'y a pas toujours tous les minéraux, alors que dans nos électrolytes, on a vraiment fait en sorte d'avoir les minéraux essentiels pour optimiser l'hydratation", promettent ceux qui en ont font la publicité sur internet.

Boire de l'eau pure ne suffirait pas : une idée fausse, pour l'Inserm.

L'Institut national de la santé et de la recherche médicale a publié au début du mois de novembre une page entière avec des références. Des études scientifiques tordent le cou à cette idée. En réalité, la plupart d'entre nous n'avons absolument pas besoin de rajouter de sels minéraux dans notre verre ou notre gourde pour bien s'hydrater et bien récupérer. C'est ce qu'explique Basile Chaix, directeur de recherche à l'Inserm : "Quand on transpire, il faut se réapprovisionner à la fois en eau, en s'hydratant, et en sels minéraux. Ça c'est indéniable. Maintenant, la plupart des personnes n'ont pas besoin de s'hydrater avec des boissons supplémentées en sels minéraux".

"L'apport en sels minéraux au cours des repas classiques suffit à alimenter le corps en sodium, en potassium, etc."

De façon générale, ces pastilles n'ont donc pas d'utilité. Pire, ajoute le chercheur, elles sont souvent moins intéressantes que l'eau pure pour l'organisme, lorsqu'elles contiennent beaucoup de sucres, des édulcorants ou des additifs alimentaires. La seule catégorie de personnes pour qui ces pastilles d'hydratation peuvent être utiles, ce sont les grands sportifs.

"En marathon, en semi-marathon, on peut commencer à y penser."

Parmi les adeptes de l'entraînement physique régulier, ces pastilles peuvent être utiles à une minorité de personnes, selon le docteur Martin Ducret de la Clinique du sport : "C'est plutôt pour les sportifs d'endurance, dès qu'on fait un effort physique supérieur à 1h30 ou à 2 heures. Par exemple en marathon, même en semi-marathon, on peut commencer à y penser. Il faut s'hydrater avec des électrolytes, c'est-à-dire avec du sucre et du sel".

Par ailleurs, il existe des solutions plus économiques pour remplacer ces comprimés. "On peut faire ça à la maison, tout simplement, assure le docteur Ducret. On n'a pas besoin d'acheter ces pastilles. Dans un litre d'eau, on met une pincée de sel, donc une demi-cuillère de sel. On met deux cuillères de sucre ou de miel, du sucre de table et on peut mettre une petite pincée de citron pour le goût et c'est très bien et ça coûte moins d'un euro".