Avec sa proposition choc de rendre gratuits les transports en commun à Paris, Anne Hidalgo a voulu reprendre la main politique.

Mais où trouver l'argent ?

La maire a même évoqué la création d'un péage urbain. Explications.
Après le coup politique, la réalité des chiffres... Anne Hidalgo, maire (PS) de Paris a frappé fort avec son idée de transports en commun gratuits à Paris.

Une annonce forcément populaire auprès de la population mais qui a un coût. Énorme.

Selon Stéphane Beaudet, vice-président de la région, qui finance justement les transports, les recettes de billetterie pour l'Ile-de-France représentent 3,6 milliards d'euros. Et il a taclé Anne Hidalgo : « Dans la vie, rien n'est gratuit ».

Valérie Pécresse, présidente de la région, s'est elle déclarée « ouverte à toutes les idées neuves, d'où qu'elles viennent ». Tout en restant ferme en posant deux conditions : « Il ne doit pas y avoir un euro en moins de recettes pour Ile-de-France Mobilités (qui gère les transports dans la région Ndlr). Aujourd'hui, la priorité des priorités, c'est la modernisation des transports.

Si ce ne sont pas les voyageurs qui payent, ce sera les contribuables d'une manière ou d'une autre. Deuxième condition : pas d'inégalités entre les parisiens et les habitants de la banlieue. Ce serait totalement injuste et totalement inefficace».

La maire de Paris a sa petite idée pour financer sa proposition choc : voilà le péage urbain qui fait son retour. Ce serpent de mer régulièrement évoqué comme une solution pour réduire les embouteillages dans la capitale et lutter contre la pollution revient dans les débats.

«J'ai décidé de charger trois de mes adjoints de conduire une vaste étude sur le sujet.»

Jusque-là farouchement opposée à l'idée d'instaurer un tel péage aux portes de Paris, Anne Hidalgo semble aujourd'hui trouver une utilité à cette mesure. Elle a évoqué, ce mardi, en marge du Conseil de Paris, cette solution pour « financer la gratuité des transports en commun ».

« Je suis contre un péage qui discrimine en fonction des ressources. C'est ce qu'a fait Londres. Le dispositif a montré ses limites car de nombreux automobilistes étaient prêts à payer.

Le maire a finalement imposé un tarif tellement prohibitif qui a enfin dissuadé les véhicules de rentrer dans la ville », rapporte la maire de Paris.

L'élue ne s'interdit donc plus de réfléchir à une telle mesure, qui ne dépend de toute façon pas d'elle. « C'est une des pistes », s'empresse-t-elle de préciser. « Il faudra analyser la situation » avant de faire des choix insiste-t-elle.

« J'ai décidé de charger trois de mes adjoints de conduire une vaste étude sur le sujet, qui associera des experts français et étrangers.

Il s'agira d'analyser les exemples en France et à l'international et en particulier d'évaluer s'il existe un modèle économique viable : rien ne dit aujourd'hui que cela est possible », explique Anne Hidalgo. Leurs conclusions sont attendues pour la fin de l'année.

Autre piste de travail évoquée par Emmanuel Grégoire, adjoint chargé des finances, un des trois adjoints chargés de cette réflexion : une tarification différenciée, notamment pour les touristes. « Plusieurs scénarios sont envisageables », a indiqué l'élu.