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Message 1 Discussion postée le 19-08-2018 à 17:23:56

El Roslino
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Après huit années de crise, où en est la Grèce ?

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La Grèce sortira lundi de trois plans d'aide consécutifs, qui régissent le pays depuis 2010.



Ce lundi 20 août, la Grèce  tourne la page de huit ans de mise sous tutelle en recommençant à se financer seule sur les marchés. Mais le pays a-t-il réussi à sortir de la crise, et a-t-il les capacités pour ne pas y replonger de sitôt ?

Les plus jeunes ont du mal à se rappeler comment c'était "avant" : le dernier des plans d'aide qui régissent la Grèce depuis 2010 s'achève lundi, avec un pays mieux portant mais marqué par huit ans d'austérité. Après le Portugal, l'Irlande, l'Espagne et Chypre, la Grèce était le dernier pays de la zone euro encore sous programme d'assistance depuis la crise.

En trois plans successifs (2010, 2012 et 2015) elle aura reçu 289 milliards d'euros de prêts. Mais les réformes exigées en contrepartie par le Fonds monétaire international (FMI) et les autorités européennes l'ont mise sur le flanc : un quart du PIB évaporé en huit ans (la croissance a repris en 2017) et un chômage qui vient seulement de redescendre sous 20% après un pic à 27,5% en 2013.

Pas de nouvel effondrement.

Le Premier ministre Syriza (gauche radicale) Alexis Tsipras et son ministre des Finances d'alors, Yanis Varoufakis, avaient tenté d'infléchir le deuxième programme, en arrivant au pouvoir en janvier 2015. Malgré un ferme "non" des Grecs aux créanciers lors d'un référendum, Alexis Tsipras a été acculé à signer le troisième plan d'aide en juillet suivant pour éviter à la Grèce d'être éjectée de l'euro.

Tous les grands partis, dont Syriza, semblent désormais convaincus du bien fondé du sérieux budgétaire. Une bonne chose, pour le professeur d'Economie Nikos Vettas, selon lequel "plus personne ne croit à un nouvel effondrement de la Grèce".

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Le Premier ministre grec Alexis Tsipras (droite) et son ancien ministre des Finances, Yanis Varoufakis (gauche).



Le pays, qui a réalisé en 2016 et 2017 des excédents budgétaires (hors charge de la dette) d'environ 4%, bien au-delà des exigences des créanciers, n'est pas encore tout à fait libre. Il a déjà dû pré-légiférer de nouvelles réformes pour 2019 et 2020 et restera sous surveillance plusieurs années. C'est un donnant-donnant, en échange d'un aménagement de sa dette - via notamment des délais de remboursement allongés - considéré comme "substantiel" par l'agence de notation Fitch. Elle vient de relever sa note de la dette grecque à "BB-". A trois petits crans du BBB- qui commence à caractériser une "bonne qualité" de crédit.

L'épilogue ?

Une question reste en suspens. Cette dette, toujours à 180% du PIB, est-elle "soutenable" dans la durée ? Le FMI en doute et, faute d'avoir convaincu les autres pays européens de franchement tailler dans celle-ci, le Fonds est resté en marge du troisième plan.

Le gouvernement grec préfère mettre en avant des besoins annuels de financement qui, grâce à l'aménagement de la dette, resteront inférieurs à 15% du PIB à moyen terme, et à la limite jugée critique en Europe de 20% par la suite.

Mais l'amélioration des chiffres économiques ne se traduit pas encore vraiment pour les Grecs. Nikos Vettas insiste sur la "nécessité impérative" de créer "une très forte croissance" dans les prochaines années, au-delà des 2% par an généralement prévus, "sans quoi les ménages continueront à souffrir".

Les Grecs doivent recoller les morceaux.

Le taux de chômage vient à peine de passer sous les 20% en mai, après avoir atteint un pic de 27,5% en 2013 : les licenciements ont fait rage après la fermeture de milliers de petites et moyennes entreprises.

Matina Tetsiou, mère de deux enfants, a ainsi perdu son travail dans une station-service en 2014. Séparée de son mari, elle doit compter alors sur l'aide financière de son père, employé dans une grande société. "L'allocation chômage était modeste et j'entretenais la famille grâce à l'épicier communautaire de mon quartier", confie-t-elle.

Natacha Dourida, ingénieure civile, a vu ses proches s'exiler : "le plus douloureux à l'époque c'était les petites fêtes pour dire au revoir à ceux qui partaient travailler à l'étranger". Environ 300.000 Grecs (sur une population d'une dizaine de millions) ont quitté le pays pendant la crise.

En 2013, avec ses diplômes, Natacha gagnait cinq euros de l'heure dans une entreprise de bâtiment qu'elle finira par quitter. Au coeur de la crise, le secteur est en chute libre.
Panagiota, Matina et Natacha vont un peu ou nettement mieux aujourd'hui, à l'image du pays qui a renoué avec la croissance.

Matina a l'air lasse mais s'estime "chanceuse" d'avoir décroché fin 2016 un contrat à temps partiel dans une autre station-service, qui ne lui suffit cependant qu'à "nourrir ses enfants".

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Matina Tetsiou.



Elle vit toujours chez sa mère et ne peut payer ses dettes ni à la sécurité sociale, ni à la banque, pour un prêt souscrit en 2005, en pleine euphorie financière du pays, pour financer sa société de vente de meubles de cuisine fermée trois ans plus tard. 

Huit ans de crise : les grandes étapes.

2009 : la Grèce insolvable.

Arrivé en octobre 2009, le gouvernement socialiste de Georges Papandréou entame des révisions des chiffres de déficit public des années précédentes sous-évalués par le précédent gouvernement conservateur. On découvre qu'en 2009 ce déficit a culminé à 15%. Le pays plonge dans la catégorie insolvable, l'accès aux marchés lui est barré.

La situation menace la monnaie unique. Après avoir traîné les pieds, la zone euro se résout à sauver financièrement la Grèce et embarque dans l'aventure le Fonds monétaire international (FMI).

2010 : la purge.

En mai 2010, la Grèce devient le premier pays de la zone euro à recevoir un prêt international, 110 milliards d'euros. Il lui est en échange prescrit une cure d'austérité, qui soulève tout le pays, avec une succession de violentes manifestations où trois personnes trouvent la mort ce mois-là. Les concepteurs de cette cure admettent désormais que, préparée dans l'urgence et non dénuée d'arrières pensées punitives, elle a en partie contribué à prolonger la crise.

2011 : l'impasse.

En 2011, l'état du malade s'aggrave : la dette continue de gonfler, la récession s'installe, avec sa cohorte de chômeurs. Plus d'un quart du PIB sera perdu en quatre ans. Le gouvernement socialiste est poussé vers la sortie par Berlin et Paris, ouvrant une séquence électorale qui, tandis que la rue ne cesse de gronder, débouche finalement en juin 2012 sur la formation d'une coalition droite-socialistes.

2012 : une rémission ?

En mars 2012, les créanciers accordent un deuxième prêt de 130 milliards d'euros et s'accordent avec les banques privées pour qu'elles effacent 107 milliards d'euros de dette, sur un total de 206. S'installe alors la routine des visites de la "troïka", l'attelage représentant les créanciers (Commission européenne, Banque centrale européenne, FMI), auprès de ministères largement réduits au rôle de chambres d'enregistrement.

La mise en oeuvre effective des réformes laisse souvent à désirer mais les chiffres amorcent une légère embellie, au point qu'en avril 2014, la Grèce opère une brève sortie, plutôt réussie, sur les marchés. Athènes et Bruxelles commencent à évoquer une "success story", qui tourne court quand l'électorat grec refuse de continuer à en payer le prix.

2015 : Grexit.

La Grèce devient en janvier 2015 le premier membre de l'UE à être dirigé par la gauche radicale. Le Premier ministre, Alexis Tsipras, promet d'en finir avec la rigueur et s'attaque à la "crise humanitaire" qui touche le pays. Un bras de fer s'engage : les créanciers coupent les fonds, le pays manque une échéance de paiement au FMI, et un contrôle des capitaux est imposé fin juin.

La menace du Grexit est tour à tour agitée par la Grèce pour tenter de faire plier ses créanciers puis brandie par l'Allemagne pour finalement emporter la mise. Malgré le "Oxi" (Non) des Grecs à la feuille de route que veulent leur assigner l'UE et le FMI, lors d'un référendum début juillet, Alexis Tsipras signe une semaine plus tard le maintien du pays sous perfusion.

2018 : de nouveau "normal".

Le troisième prêt, de 86 milliards d'euros, qui arrive à échéance ce 20 août, est consenti en échange d'un nouveau sursaut de rigueur, de l'accélération des privatisations et d'une réforme de la sécurité sociale en souffrance depuis des décennies.

En 2017, le pays renoue avec la croissance, avec une progression de 1,4% de son PIB. Les satisfecit s'enchaînent envers Athènes, le dernier en date avec la clôture début juin de la dernière inspection menée dans le cadre des programmes de prêts.

Le 21 juin 2018, les ministres des Finances de la zone euro trouvent un accord pour permettre à la Grèce de quitter la tutelle de ses créanciers le 20 août. Mais toujours plombé par une dette qui a grimpé à 178% du PIB, le pays restera soumis jusqu'en 2022 à une "surveillance renforcée".