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El Roslino
Beaucoup de personnes considèrent les toilettes comme une poubelle et jettent dans la cuvette n'importe quel type de déchets : lingettes, litière pour chat, couches-culottes, mais aussi médicaments et lentilles de contact... Sans se douter de l'impact écologique et économique de leur geste.
Préservatifs, fil dentaire, litière pour chat, couches-culottes, lames de rasoir, sacs de chips, seringues, et même serpillières et chambres à air... Voici la liste peu ragoûtante des déchets ramassés quotidiennement par les services d'assainissement des eaux usées.
« Certains usagers considèrent le réseau d'assainissement comme un réseau d'égout et vont jeter tout et n'importe quoi dedans », s'énerve Marc Biboulet, le directeur du syndicat mixte départemental de l'eau et de l'assainissement de l'Ariège (SMDEA). À l'Eurométropole de Strasbourg, qui gère les eaux usées de 780 000 habitants, 11 800 tonnes de matière sèche sont ainsi éliminées chaque année dans la station d'épuration.
Les lingettes.
Présentées comme « biodégradables », les lingettes humides du commerce ne se dégradent en réalité qu'au bout de 90 jours. Et encore, dans un bac à compost. Jetées dans les toilettes, elles s'agglutinent au niveau des dégrilleurs (sorte de gros peignes qui filtrent l'eau) qui finissent par se boucher. « Les lingettes représentent 230 tonnes sur les 660 tonnes de déchets collectés dans nos réseaux, s'emporte Christian Thomas, vice-président de l'agglomération d'Orléans en charge de l'assainissement. Récemment, à Saint-Pryvé, nos agents ont dû intervenir pour éliminer un bouchon sur un poste de relevage. Il leur a fallu 40 heures d'intervention à six pour en venir à bout. »
Les lentilles de contact.
19 % des porteurs de lentilles de contact jettent leurs lentilles usagées dans les toilettes, d'après une récente étude de l'Université de l'Arizona. Rien qu'aux États-Unis, 200 000 tonnes de lentilles atterrissent ainsi chaque année dans les égouts, estime l'étude. Comme elles sont souples, elles parviennent à se glisser au travers des filtres dans les centres de traitement des eaux et sont déchiquetées en des milliers de microparticules de plastique que les bactéries sont incapables de dégrader. Ces microplastiques se retrouvent dans les boues d'épuration épandues sur les champs ou dans les océans, où ils asphyxient les coraux et les poissons.
La peinture.
Non seulement les produits toxiques (diluants, pesticides, résidus de peinture, etc.) ne sont pas dégradés par la station d'épuration, « mais ils sont susceptibles d'intoxiquer les algues et les bactéries qui la font fonctionner et donc de réduire son efficacité », alerte l'association Graie (groupe de recherche, animation technique et information sur l'eau). Dans certains cas, la station doit être stoppée plusieurs jours le temps que les communautés de micro-organismes se reconstituent. De plus, ces résidus toxiques ne sont pas éliminés par les traitements classiques et se retrouvent souvent dans la nature, avec un effet délétère sur les milieux aquatiques.
Les huiles et graisses.
Chaque jour, les ouvriers de Thames Water, l'organisme gestionnaire des eaux de Londres, découvrent des blocs de « fatberg » qui bouchent les égouts.
En septembre dernier, Londres a extrait le plus énorme « fatberg » des égouts de la capitale. Une montagne de graisse de 250 m de long et 130 tonnes composée de graisse solidifiée et agglomérée aux autres détritus. Des graisses issues des huiles de cuisson rejetées par les ménages et les restaurateurs dans les égouts. En plus de provoquer l'obstruction des canalisations, celles-ci réduisent l'apport en oxygène des bactéries dans le processus de traitement des eaux. « Nettoyez les assiettes graisseuses avec de l'essuie-tout avant de les laver », encourage Andy Drinkwater, du centre de recherche spécialisé dans l'eau et les déchets WRc.
Les tampons et protections hygiéniques.
Chaque femme utilise entre 100 et 150 kg de tampons et serviettes hygiéniques au cours de sa vie. Malheureusement, bon nombre de ces objets finissent dans la cuvette des toilettes puis dans la nature. Selon un classement établi en 2016 par l'organisation non-gouvernementale Surfrider, les applicateurs de tampons figurent ainsi parmi les dix déchets de plastique les plus fréquemment présents dans les océans. D'autre part, les fibres de coton des tampons et serviettes contiennent de nombreuses substances toxiques (phtalates, pesticides, dioxine), comme l'a révélé en juillet un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).
Les médicaments.
35 % des Français avouent jeter leurs médicaments à la poubelle, dans le lavabo ou dans les WC selon un sondage Ifop pour LEEM (Les Entreprises du Médicament). Mauvaise idée : le fond du flacon de sirop pour la toux ou la boîte de pilules entamée contiennent des substances complexes que les stations d'épuration ne sont pas capables de traiter. Résultat : les résidus médicamenteux se fixent dans les boues épandues dans les champs ou se déversent dans les cours d'eau. On a par exemple constaté des changements de sexe chez des poissons ces dernières années, dus notamment aux perturbateurs endocriniens contenus dans les résidus de pilules contraceptives. Si vos médicaments sont périmés, rapportez-les en pharmacie !
La litière pour chat.
La litière destinée aux chats est constituée d'une substance absorbante capable de gonfler jusqu'à 15 fois son volume original. La jeter dans les toilettes risque donc d'abord de boucher vos canalisations, puis d'obstruer les grilles de filtrage dans la station d'épuration et de causer des débordements. Avec à la clé des odeurs nauséabondes et un risque de pollution du milieu naturel. Même les litières estampillées « biodégradables » à base de maïs, de paille ou de bois ne doivent pas être évacuées par les toilettes mais déposées dans un bac à compost. Résumons : à part le papier toilette, spécifiquement conçu pour être dégradé rapidement dans les WC.
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