Sept milliards d'économies ont déjà été réalisées par le Pentagone. Mais il s'agit juste d'un « acompte » selon Mark Esper, le secrétaire à la Défense. Les mesures à venir pourraient impacter les Européens et la France en Afrique.

Mark Esper, l'actuel secrétaire d'État à la Défense, est fidèle à sa réputation. Du temps où il était secrétaire d'État à l'armée de Terre (2017-2019), il avait imposé une sérieuse cure d'amaigrissement à l'US Army et près de 200 programmes avaient été affectés.

Voilà qu'il a la même ambition pour la totalité du Département de la Défense (le DoD) dont le budget pour l'année fiscale 2021 tournerait autour de 740 millions de $ (738 pour l'année fiscale 2020). En témoigne son mémo du 2 janvier (un message à tous les membres du DoD) et surtout son memo du 6 janvier, intitulé   « Department of Defense Reform Focus in 2020 » . Dans ce second document, il prévient que la discipline fiscale et l'effort continuel doivent devenir la norme culturelle et non plus l'exception.

Il y annonce (sans les détailler) des réformes agressives qui entreront en vigueur dès l'année fiscale (FY) 2022 et ce jusqu'à la FY 2026. Trois domaines de réforme sont cités dont celui des  « Combatant commands »  (dont l'AFRICOM) et de leurs fonctions, missions, ressources et coûts. La Navy, qui veut toujours ses 355 bâtiments d'ici à 2030, contre 293 actuellement, se sent particulièrement menacée.

Esper lui-même conduirait un audit du fonctionnement de grands commandements comme le Central Command (le commandement Centre qui gère les opérations au Proche et Moyen Orient) et le Southern Command, ainsi que le Transportation Command et le Strategic Command (forces stratégiques chargées de la dissuasion nucléaire).

7 milliards, un « acompte ».

Comme il l'écrit dans son mémo, Esper a déjà réussi à faire des économies de l'ordre de 7 milliards de dollars (5+2 milliards) en amont du budget pour l'année fiscale 2021. Mais ça ne représente qu'un acompte, a-t-il prévenu. Dans son viseur, la bureaucratie « pentagonesque » en particulier.

La perspective de coupes dans les budgets inquiètent les Européens qui bénéficient depuis la présidence Obama de sérieux coups de pouce militaire et du retour en forces des armées US en particulier en Europe de l'Est.

Paris aussi est inquiet, surtout si l'Africa Command est touché. Dans le contexte sahélien, un retrait US signifierait moins de ravitaillement en vol, moins de renseignement (ISR), moins de drones, moins de soutien logistique. Florence Parly, ministre des Armées, se rendra d'ailleurs fin janvier, à Washington, pour aborder cette inquiétante éventualité.

La défense du territoire.

Faire des économies a du sens, c'est indéniable. Mais les raisons derrière ce serrage de ceinture méritent d'être exposées.

Sur le site de Yuma 1, en Arizona, les travaux portent sur une section de 8 km. | U.S. ARMY CORPS OF ENGINEERS.

Esper ne cache pas que la priorité des priorités du DoD, c'est la défense du territoire national. Et d'ajouter : La frontière du sud-ouest est une question sécuritaire essentielle. Le sud-ouest? Il faut comprendre la frontière avec le Mexique, lieu de passages des migrants.

D'où l'annonce d'une ponction supplémentaire dans le budget du DoD, ce qui porterait le montant des fonds militaires à 7,2 milliards de dollars pour financer les travaux du mur à la frontière mexicaine. 18,4 milliards de fonds fédéraux seraient donc fléchés vers la construction du mur.