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El Roslino
Alors que le monde entier a aujourd'hui les yeux rivés sur la pandémie de coronavirus qui a fait pas moins de 131 000 morts dans près de 200 pays, une autre catastrophe a vu le jour le 4 avril dernier à Tchernobyl, ville ukrainienne où s'est déroulé en 1986 le pire accident nucléaire de l'histoire.
Pendant plus de dix jours, un gigantesque incendie s'est propagé dans la zone d'exclusion de la ville, le pire incendie jamais observé dans la région selon Greenpeace. Un événement qui a de quoi raviver de nombreuses inquiétudes, plusieurs foyers de ces incendies concernant des secteurs très contaminés par les retombées radioactives liées à la catastrophe de Tchernobyl.
Que s'est-il passé ? Quels sont les dégâts ? Y a-t-il des impacts sur les populations ? Voilà ce que l'on sait sur ces incendies de Tchernobyl.
Que s'est-il passé ?
Samedi 4 avril, un incendie se déclare dans la zone très contaminée de Polesskoye, située à une trentaine de kilomètres à l'ouest de la centrale nucléaire accidentée de Tchernobyl. Si les incendies sont coutumiers à cette période de l'année dans la région, celui qui se déclare ce 4 avril inquiète.
Et pour cause, entretenu par un vent et une sécheresse inhabituels, l'incendie se propage vite. Trop vite. Rapidement, les flammes s'étendent sur plus de 20 hectares dans la parcelle forestière située autour de la centrale accidentée. Et déjà, les services d'urgence mobilisés sur place font état ce samedi de difficultés dans leurs efforts en vue de venir à bout du sinistre en raison d'une hausse de la radioactivité dans certains endroits.
https://twitter.com/Reuters/status/1250246212911009795
La centrale est-elle menacée ?
Lundi 13 avril, plus de 400 pompiers ukrainiens sont appelés sur place pour combattre l'incendie tandis que plus de 540 tonnes d'eau sont déversées sur les flammes par des avions.
Les autorités ukrainiennes se veulent rassurantes, Volodymyr Demtchouk, un haut-responsable des services d'urgence ukrainien, assurant que la centrale nucléaire de Tchernobyl, les lieux de stockage de déchets radioactifs et les autres infrastructures cruciales de la zone d'exclusion ne sont pas menacés.
De son côté, le vice-ministre ukrainien de l'Intérieur, Anton Gerachtchenko indique sur Facebook que les sites de stockages de déchets radioactifs sont totalement en sécurité.
Pourtant, dans de nombreuses sphères, l'inquiétude monte. Alors que depuis plusieurs jours, les autorités ukrainiennes ne donnent pas d'estimations récentes sur la taille de l'incendie, des observateurs affirment que le feu se rapproche dangereusement de la centrale. Selon l'ONG écologique Greenpeace, il s'agit d'ailleurs du pire incendie jamais observé dans la zone d'exclusion de Tchernobyl.
https://twitter.com/greenpeaceru/status … 6366752775
S'appuyant sur des images satellites, Greenpeace affirme que le feu n'est qu'à environ 1,5 kilomètres de l'arche recouvrant le réacteur ayant explosé par accident en avril 1986.
Le feu est-il maîtrisé ?
Selon Sergiy Zibtsev, directeur du Centre régional de suivi des incendies en Europe de l'Est, basé à Kiev et lié à un programme des Nations Unies, le feu est gigantesque et imprévisible. Dans l'ouest de la zone d'exclusion, il a déjà couvert 20 000 hectares selon nos estimations, affirme-t-il.
Ce même jour, le directeur d'une association organisant des visites guidées dans la zone d'exclusion, Yaroslav Iemelianenko, affirme sur Facebook que l'incendie a atteint la ville fantôme de Pripiat, évacuée après la catastrophe.
Mais dès le lendemain, le mardi 14 avril, la pluie abondante qui s'est abattue sur les terres la veille et les efforts des pompiers semblent payer. Le feu de forêt, qui ravage la zone d'exclusion de Tchernobyl depuis des jours, se réduit enfin.
Il n'y a plus de feu ouvert, assure ce mardi matin le service dédié aux situations d'urgence, faisant état de foyers isolés de feux couvants.
Pour le président Zelensky, ne reste plus qu'à attendre quelques jours pour voir éteints ces « feux couvants.
Selon GreenPeace Russia, l'incendie a ravagé en dix jours 35 700 hectares.
Qui est responsable de ces incendies ?
Selon la police régionale, l'incendie a été provoqué par un jeune habitant vivant près de la zone de Tchernobyl, qui risque jusqu'à cinq ans de prison pour destruction de la végétation.
Le jeune homme de 27 ans a dit avoir mis le feu à l'herbe pour s'amuser, selon la police.
Ces incendies sont-ils inquiétants ?
Oui, selon Greenpeace, les feux entraînant la libération de particules radioactives contenues dans les sols et les arbres.
https://twitter.com/greenpeacefr/status … 0223841280
Par ailleurs, comme le souligne la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD), outre la remise en suspension dans l'atmosphère du césium 137 accumulé dans la biomasse (et probablement aussi du plutonium et du strontium 90), des questions se posent sur la sûreté des installations nucléaires, le vent pouvant transporter de la fumée et des cendres contaminées vers les nouveaux territoires, ce qui finira par disperser la contamination radioactive.
Quels sont les impacts ?
Selon les autorités ukrainiennes, la situation ne présente pas de danger pour les villes voisines de la zone d'exclusion de Tchernobyl. Ainsi dans la ville de Kiev, aucune élévation du niveau de radioactivité ambiant n'a été mesurée selon les données du ministère des Situations d'urgence, indique l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN).
Du côté de la France, d'après les simulations de l'IRSN, les masses d'air provenant de la zone des incendies en Ukraine ont pu atteindre la France dans la soirée du 7 avril [...] au 14 avril, ces masses d'air recouvraient encore la moitié du territoire.
https://www.youtube.com/watch?v=BGuEvUtLiYg
Et l'institut de continuer : Des incendies de grande ampleur se produisent chaque année en Russie, Biélorussie et Ukraine. Certains d'entre eux affectent les territoires contaminés par l'accident de Tchernobyl. Lors de ces événements, les masses d'air peuvent se charger en radioactivité et se déplacer vers l'Europe de l'Ouest et la France comme observé notamment en 2002 et 2010. Il est à noter que ces événements se traduisent jusqu'à présent par de très faibles élévations de radioactivité dans l'air.
Ainsi les niveaux de radioactivité attendus en France sont jugés extrêmement faibles (en dessous de 1 μBq/m3 en césium 137) et l'impact résultant de l'inhalation de la radioactivité transportée par les masses dans l'air arrivant en France devrait être insignifiant », selon l'Institut.
Par ailleurs, La balise Téléray de l'IRSN installée sur l'ambassade de France à Kiev en avril 2011 n'a pas détecté d'élévation anormale de la radioactivité ces derniers jours. À des fins de vérification, l'IRSN va procéder au relevé des filtres aérosols de ses stations [...] situés dans l'est de la France.
Sur son blog hébergé sur Médiapart, la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) a appuyé ce constat, déclarant qu'en France, comme attendu, les mesures effectuées en direct par les balises d'alerte qu'exploite la CRIIRAD en vallée du Rhône (par exemple à Montélimar) n'ont pas mis en évidence à ce jour (14 avril 12 h) d'augmentation de la radioactivité des poussières atmosphériques..
À Kiev, en revanche, la concentration en césium 137 dans l'air de la ville a ponctuellement été multipliée par 700 pour la période du 9 au 11 avril.
Ces mesures attestent du passage de masses d'air marquées par la radioactivité, mais elles restent modérées et sans conséquence sanitaire, précise l'IRSN.
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