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El Roslino
Depuis une semaine des manifestations dans l'Extrême-Orient russe dénoncent l'arrestation politique du gouverneur local ; le mouvement de contestation qui tente de s'étendre mais fait face à une répression accrue à Moscou.
Nous voici sur les rives du fleuve Amour, tout près de la frontière avec la Chine, à 7000 kilomètres de Moscou, certes, mais dans une ville qui est devenue depuis une semaine l'épicentre de la vie politique russe. Autant, d'habitude on ne parle jamais de ce qui se passe à Khabarovsk, autant ce nom s'étale dans de nombreux quotidiens russes à commencer par la Novaya Gazeta qui nous rappelle qu'en milieu de semaine dernière, un commando de policiers y a interpellé, sous l'oeil de nombreuses caméras, le gouverneur de la région Sergueï Fourgal. La justice russe l'accuse de plusieurs meurtres d'hommes d'affaires locaux, il y a plus de 15 ans.
https://twitter.com/sibrealii/status/12 … 8162564097
Jusque-là, Sergueï Fourgal était surtout connu pour être l'un des rares gouverneurs élu, dans son lointain territoire, contre le candidat désigné par le parti présidentiel Russie Unie. Au Kremlin, on a aussi constaté que sa population n'avait pas franchement fait preuve de l'enthousiasme attendu, le 1er juillet, lors du plébiscite qui a permis à Vladimir Poutine de prolonger son règne jusqu'en 2036. Serguei Fourgal était populaire, ipour avoir entre autres réduit son salaire et coupé dans le train de vie de ses hauts-fonctionnaires afin d'augmenter les dépenses sociales ; bref, résume la Novaya Gazeta, il était devenu "une épine dans le talon du Kremlin", et le voilà aujourd'hui derrière des barreaux.
https://twitter.com/siberian_times/stat … 6539606017
La surprise, reprend le site Meduza, c'est la manière dont les habitants de Khabarovsk se sont élevés contre cette arrestation : par dizaines de milliers, dès vendredi dernier, ils se sont rassemblés au coeur de la ville pour crier à la répression politique et réclamer la libération de leur gouverneur. Les slogans, au fil des jours, se sont mutés en une critique soudain libérée de la verticale du pouvoir Poutinien et de l'hyper-centralisation fédérale qui oublie les régions éloignées de Moscou.
Et pourtant jusque-là ces manifestations critiques sont plutôt tolérées par le Kremlin : ce n'est sans doute pas sans lien avec le fait que ces slogans "Poutine démission" sont scandés à 7000 kilomètres de Moscou, et que les radios et télévisions nationales russes ont très vite décidé que le meilleur moyen qu'ils ne se propagent pas, c'était de tout simplement ne pas en parler. Black-out donc sur les JT des chaînes les plus populaires du pays, il faut regarder sur internet TV Dojd, la chaîne d'opposition privée, pour savoir que les manifestants de Khabarovsk poursuivent aujourd'hui encore leur mouvement et "ne prennent pas au sérieux" les appels à cesser les manifestations lancés hier par leur gouverneur, quand il a été présenté pour la première fois à un juge moscovite.
https://twitter.com/meduza_en/status/12 … 3604426752
Car il y a un vrai décalage entre ce qui est toléré à Khabarovsk et ce qui ne l'est pas à Moscou : dans la capitale, poursuit la Novaya Gazeta, on note plutôt un durcissement de la pression mise sur tout ce qui ressemble à une contestation politique. Pas plus tard que mercredi, une manifestation non-autorisée contre les récentes réformes constitutionnelles s'est terminée par l'arrestation de 132 personnes, un énorme dispositif policier pour un petit rassemblement, qui faire dire même au prudent quotidien Kommersant que "c'est comme si la police avait sorti les fusils pour chasser quelques mouches".
C'est que, commente Yvan Davydov pour le site d'opposition Republic, "le Kremlin ne sait pas comment gérer cette vague de révolte" qui s'étend par l'Est. Alors il serre encore plus la vis, réduit les libertés publiques et met la pression par voie de justice notamment sur les leaders contestataires. "Le Kremlin enlève les gants face à l'opposition", résume Emmanuel Grynspan ; le correspondant à Moscou du Temps suisse qui constate que "depuis que Vladimir Poutine a cimenté, par plébiscite, son pouvoir jusqu'en 2036, l'appareil répressif semble tourner en roue libre".
https://twitter.com/LeTemps/status/1283713119777198080
"Une sombre période s'ouvre devant nous", dit encore une analyste politique citée par l'article du Temps. Les manifestations de Khabarovsk, conclut un autre, viennent de "faire tomber l'un des mythes fondateurs pour la stabilité du pouvoir poutinien, qui veut que les habitants des provinces russes soient une masse conservatrice définitivement acquise à Vladimir Poutine". Si le campagnes tournent le dos au président, alorsle temps risque d'être très long, en Russie, d'ici 2036.
Un détour à présent par les plages italiennes, au cœur de tensions entre Rome et Bruxelles.
En ce jour de sommet extraordinaire de l'Union européenne, c'est le site Politico qui nous raconte cette histoire : le gouvernement italien, il y a un peu plus d'une semaine, a pris la décision seul dans son coin de prolonger jusqu'à 2033 et sans mise en concurrence tous les concessions pour l'exploitation de ses plages par des opérateurs privés.
https://twitter.com/POLITICOEurope/stat … 3840243717
Car la plupart des plages en Italie sont privées et payantes, c'est comme ça et ça énerve d'ailleurs une bonne partie de la presse tarnsalpine en ces temps ou, faute de partir en vacances à l'étranger, les italiens redécouvrent les joies du tourisme intérieur. Et donc, comme le confirmait il y a une dizaine de jours Il Corriere della Serra, cette décision de prolonger les concessions des plagistes privées, elle a été prise au prétexte d'aider le secteur touristique sinistré par la crise sanitaire, mais surtout au mépris total des lois européennes censées protéger la libre concurrence.
Depuis, Bruxelles s'est donc étonnée de cet affront, d'autant plus surprenant qu'il a été mené sciemment par Rome au nez et à la barbe de l'UE. "L'Italie, avec cette histoire de plages, jette du sable dans les yeux de Bruxelles", titre Politico, et elle le fait clairement comme le signe d'une défiance un peu crâneuse qui monte en Italie contre l'Europe.
https://twitter.com/lauramarg/status/12 … 0685208576
Car il y a désormais entre Rome et Bruxelles un contentieux qui n'est pas près d'être réglé : The Guardian le fait remonter à cette période de fin février, quand l'Italie était aux prises, la première en Europe, avec la pandémie dans ce qu'elle avait de plus dur. Rome a appelé à l'aide... mais n'a reçu aucune réponse de la part d'une Union Européenne elle-même tétanisée et incapable de réagir face à l'ampleur de ce qui se passait.
Ces moments où s'est révélé une certain échec de la solidarité europénne vont être au coeur du sommet d'aujourd'hui et demain à Bruxelles où il sera justement question de solidarité financière, cette fois dans la crise qui vient.
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