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El Roslino
Suchard, Meunier, Van Houten, Ferrero, Nestlé, Lindt, Cadbury, Toblerone, Mars... Ces noms, évocateurs de bien des douceurs, sont ceux des pionniers de l'industrie du chocolat devenus de puissantes entreprises : 15 milliards d'euros de chiffre d'affaires pour l'américain Mars, le leader, 10 pour l'Italien Ferrero. Une poignée de ces grands groupes contrôle l'essentiel du chocolat mondial, un fabuleux marché de 92 milliards d'euros.
Le chocolat, c'est addictif. La planète consomme 5 millions de tonnes de cacao, seize fois plus qu'au début du siècle et 30 % de plus qu'il y a dix ans. Et le marché ne cesse de croître. La gourmandise a de l'avenir, notamment en Europe, qui croque un tiers de la tablette mondiale.
Fracture Nord-Sud.
Oui mais voilà, dans la chaîne qui relie notre boîte de rochers aux plantations de Côte d'Ivoire, du Ghana, du Cameroun ou de l'Équateur, il y a une méchante fracture Nord-Sud.
Elle vient d'être mise en évidence par un organisme français, le Bureau d'analyse sociétale pour une information citoyenne (Basic). Il a réalisé une étude de plus de 200 pages pour le compte de la Commission européenne, de l'European Cocoa Association (ECA, qui représente les industriels) et de la FAO, la branche des Nations unies dédiée à l'alimentation.
Il s'agissait d'analyser l'impact, dénoncé par l'ECA, de la décision unilatérale appliquée en octobre par la Côte d'Ivoire, premier producteur mondial, et le Ghana, second sur le podium, de majorer de 400 dollars le prix de vente de la tonne de cacao, dont le cours est bloqué depuis plusieurs années sous les 3 000 dollars.
90 % de la marge pour deux maillons.
Le résultat de l'étude est affligeant. On le voit déjà dans le partage de la valeur (le chiffre d'affaires), où se situent les maillons forts : la distribution (le commerçant) et l'industriel qui fabrique le produit fini (le plus souvent à partir des pâte, beurre et poudre de cacao qu'il n'a pas lui-même produit) empochent chacun 37 %, soit les trois quarts du total à eux deux.
Une fois décomptés la première transformation (5,8 %), la collecte et l'export (7,3 %), l'ajout d'autres ingrédients (sucre notamment, 1,7 %), il ne reste plus que 11,3 % pour celui qui a cultivé les cacaoyers et prélevés les précieuses cabosses contenant les fèves.
Mais le partage du chiffre d'affaires ne dit pas où se situe la marge, c'est-à-dire la rentabilité. Là, l'écart devient dramatique. Sur un kilo de chocolat noir standard vendu 9,32 €, la plus grosse marge est faite par la marque, celle qui a fabriqué le produit fini (0,88 €). Deuxième plus gros bénéficiaire, le commerçant (0,78 €). À eux deux, ils engrangent 90 % de la marge générée.
Exception sous label équitable.
Et qui fait la plus faible marge de tous ? Le producteur, avec 0, 005 €. Globalement, relève le Basic, moins de 7,5 % des marges cumulées reviennent aux acteurs des pays producteurs . Avec son cortège de fléaux : travail des enfants, plantations sans cesse étendues aux dépens des forêts tropicales.
Les données changent bien sûr selon les types de produits chocolatés et la provenance du cacao. Mais le Basic relève que comme le démontrent les dernières estimations conduites par la Banque mondiale en Côte d'Ivoire et au Ghana, une grande part des producteurs de cacao vivent en dessous du seuil de pauvreté. Les seules exceptions s'appliquent aux chocolats sous label équitable, surtout en bio.
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